SAINTE-OVALIE. La basilique abrite une mosaïque représentant les initiales du Stade toulousain. La ressemblance de cette œuvre avec le logo présent sur le maillot des joueurs de rugby est tellement frappante qu’elle a fait naître de nombreuses légendes.
// Par Michael Ducousso
Un S et un T enchevêtrés, à l’entrée d’Ernest-Wallon, cela ne signifie qu’une chose : Stade toulousain. Mais la présence de ces deux mêmes lettres, sur le sol de la basilique Saint-Sernin, est, en revanche, plus étonnante. Est-ce l’œuvre d’un curé fan de ballon ovale ? Ou serait-ce l’ex-voto d’un joueur particulièrement pieux après une saison mémorable ?
Sié / JTNi l’un, ni l’autre, répond l’historien toulousain, Philippe Foro. Ces deux lettres ont été inscrites sur le sol d’une chapelle de Saint-Sernin en 1874 par Eugène Viollet-le-Duc, à une époque où le club rouge et noir n’existait pas encore. L’architecte qui a rénové la basilique au XIXe siècle « a fait faire la mosaïque pour signifier la présence du reliquaire de Saint Thomas d’Aquin, qui a été abrité là après la Révolution, avant de retourner aux Jacobins, en 1974. » Rien à voir, donc, avec le club toulousain, qui n’a jamais compté Thomas d’Aquin dans son équipe type.
Malgré tout, certains voient dans cette ressemblance le choix d’un ancien dirigeant du Stade qui aurait fait broder ces saintes initiales sur le maillot de ses joueurs pour s’attirer des faveurs divines. Une affaire de bondieuseries qui fait rire Serge Lemaire. Expert et acteur de l’histoire du club toulousain, auteur d’un ouvrage sur la question, il est bien placé pour assurer que « depuis ses origines, le Stade n’a jamais été sous le patronage d’une paroisse ou d’un saint. Il a toujours été un club indépendant politiquement et laïc. »
À en croire Serge Lemaire, la raison de la ressemblance entre le logo du maillot et la mosaïque serait à chercher chez… les créateurs de Pin’s ! Il s’explique : « Il existe des sigles avec le S et T enchevêtrés depuis longtemps. Le premier qu’on a retrouvé sur un document officiel date de 1951, mais il était complètement différent de la mosaïque de Saint-Sernin. Au tout début des années 1990, c’était la folie des Pin’s et le Stade toulousain a fait graver son sigle sous toutes les formes… »
Peu après, la professionnalisation du rugby, en 1995, a nécessité le dépôt d’une marque et d’un logo définitif. « Parmi tous les sigles existants, c’est l’actuel qui a été choisi, un peu par hasard. Mais je ne sais pas où le dessinateur avait puisé son inspiration. » Voilà pourquoi les joueurs d’Ugo Mola n’ont pas pu compter sur une intervention céleste cette saison. Pour Serge Lemaire, ce n’est pas plus mal : « Ça oblige les hommes du Stade à se créer leur miracle eux-mêmes.
La rédaction
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