Pionnier de l’art-thérapie à Toulouse et en France, le docteur François Granier a introduit la discipline au service psychiatrie du CHU de Purpan dans les années 1980. Dans le prolongement des expositions annuelles issues de ces ateliers, il œuvre désormais pour la création d’un espace muséal dédié à l’art thérapie à l’hôpital de La Grave.
Cela fait dix ans que, chaque année, au mois de mars, l’Hôtel-Dieu de Toulouse met à l’honneur l’art-thérapie via une exposition d’œuvres (peintures, sculptures…) réalisées par des patients en psychiatrie. Initiée par le docteur François Granier, pionnier de la discipline en France qui a mis en place les premiers ateliers d’art-thérapie au CHU de Purpan dans les années 1980, l’initiative pourrait bientôt prendre une nouvelle ampleur. Depuis plusieurs années, l’ancien responsable du service psychiatrie porte en effet le projet d’un ”espace muséal” entièrement dédié aux liens entre l’art et la santé.
« Les œuvres, dont beaucoup ont un réel intérêt artistique, s’accumulent sans que l’on sache trop quoi en faire. Mais au-delà, c’est une question de reconnaissance de ce travail foisonnant et de longue haleine. Il ne s’agirait pas simplement d’un lieu pour accrocher des tableaux mais pour parler autrement de la psychiatrie et des patients de manière plus large », explique celui qui est aussi président de la Société française d’art-thérapie. François Granier aimerait installer ce lieu à l’hôpital de La Grave, berceau de la psychiatrie moderne. Il a même lancé une pétition qui a recueilli plus de 2 000 signatures. Intéressée, la mairie attend cependant, avant de se prononcer, d’y voir plus clair sur l’avenir de l’ensemble du site.
« On y va étape par étape mais cela donnerait une vraie dimension à la psychiatrie contemporaine », confie le docteur qui explore donc depuis 30 ans les bienfaits de l’expression artistique sur ses patients, qu’ils soient schizophrènes, bipolaires ou anorexiques. Jeune chef de clinique passionné d’art, il a fait partie des premiers à introduire dans le processus thérapeutique des ateliers d’arts plastiques, de théâtre ou d’écriture. « C’est un moyen complémentaire qui agit à différents degrés. Le premier est celui du bien-être et de la détente mais l’art-thérapie n’est pas la seule à apporter cela. Le second consiste à aller au-delà de l’aspect formel d’une œuvre d’un patient pour comprendre ce qui se passe et l’interpréter psychologiquement », précise-t-il.
Pour produire des effets, l’art-thérapie doit donc être utilisée comme un processus de création appelé à évoluer sur le long terme. « Les patients savent que leurs travaux s’inscrivent dans le cadre d’un projet annuel qui aboutit à une exposition. Cela crée une osmose et une certaine pression. Ils s’investissent et rentrent dans une réelle démarche artistique. Le projet thérapeutique devient alors souvent un projet existentiel ».
Et si l’Histoire regorge d’exemples de liens entre folie et génie, le psychiatre tient à les mesurer et rappelle l’essentiel : « L’art-thérapie consiste d’abord à modifier l’image du soignant, plus vu comme un simple distributeur de pilules. L’art-thérapie aide à la stabilisation de la relation thérapeutique. Quand un patient vient régulièrement aux ateliers, on constate qu’il y a moins de problèmes pour la prise de médicaments. »
Ancien responsable du service psychiatrie du CHU de Purpan, François Granier est le président de la Société française d’art-thérapie. Il est aussi l’organisateur des expositions annuelles d’œuvres de patients présentées à l’Hôtel Dieu.
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