AVENIR. Si l’on demandait quel secteur résiste mieux que les autres à la crise économique et prévoit de recruter des dizaines de milliers de personnes dans les dix prochaines années, le nucléaire ou l’aéronautique pourraient être les réponses les plus spontanées. Peu probable, en tout cas, que la première qui nous vienne à l’esprit soit l’économie sociale et solidaire. Et pourtant. À l’occasion du Mois de l’ESS, le JT explore différentes facettes de ces entreprises et associations qui dessinent une économie plus vertueuse.
Concilier solidarité, performance économique et utilité sociale, c’est le point commun partagé par tous les acteurs de l’économie sociale et solidaire. De la protection de l’environnement à la santé, en passant par l’égalité des chances ou les services à la population, les structures privées composant l’ESS ont pour ambition de répondre aux enjeux sociétaux contemporains. Une démarche qui trouve un écho grandissant puisque le secteur est en plein développement. Selon la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de Midi-Pyrénées, le nombre d’établissements relevant de l’ESS a augmenté de presque 19 % en 10 ans, sur le seul département de la Haute-Garonne, portant ainsile total à 4 778 structures. Ces dernières génèrent 46 204 postes, soit 8,8 % de l’emploi salarié. « C’est donc un secteur en plein essor, en constante croissance », affirme Bérénice Dondeyne, coprésidente de l’Agence de développement et de promotion de l’économie sociale et solidaire en Occitanie (Adepes).
Cependant, Jacques Prades, responsable du Master “La nouvelle économie sociale” à l’université Toulouse II Jean-Jaurès , tient à nuancer : « Il est difficile de généraliser ce constat, il ne s’agit que d’une tendance globale, car le spectre de l’ESS est trop hétéroclite pour pouvoir être analysé dans son ensemble. » En effet, quatre types de structures composent le secteur : les associations, les coopératives, les mutuelles et les fondations. « Difficile d’appliquer à tous les établissements les mêmes indicateurs de croissance car ils ne sont pas comparables », ajoute-t-il.
Toutefois, les associations et les coopératives (respectivement 4 052 et 555 en Haute-Garonne) représentant la majorité des structures, se multiplient et affichent une dynamique positive. Même, « elles sont plus résistantes aux crises économiques et sociales, et plus durables qu’une entreprise classique », assure la coprésidente de l’Adepes. Ceci s’explique par leur statut particulier et leur forme juridique. « Elles pratiquent une gouvernance collective ce qui implique une marge de manœuvre plus importante en cas de coup dur. Les associés d’une coopérative par exemple, peuvent choisir d’agir sur la gestion de stock ou la baisse des rémunérations, avant de procéder des licenciements », précise Jacques Prades, ajoutant : « De même, la pratique de la constitution de réserves permet aux entités de l’ESS d’absorber plus facilement les conséquences financières d’une crise que les entreprises traditionnelles ayant distribué leurs bénéfices en dividendes. »
L’on observe également que ces entreprises parviennent à tisser des liens entre elles pour asseoir leur solidité économique. La mutualisation des savoir-faire, de la main-d’œuvre ou des outils est fréquente, ce qui confère plus de flexibilité et donc une meilleure capacité de réaction.
Autant d’éléments qui, comme l’affirme Bérénice Dondeyne, offrent aux établissements composant l’ESS une pérennité supérieure aux entreprises classiques. « D’ailleurs, pratiquement aucun dépôt de bilan n’a été enregistré par des coopératives après la crise de 2008 », conclut Jacques Prades.
Sources : CRESS Occitanie, Insee
Dossier ” Pourquoi l’économie solidaire a de l’avenir ? ” :
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