Un an avant le renouvellement de la candidature à l’Unesco, le dossier canal du midi fait face à une nouvelle embûche avec le départ de la sous-préfète de région, en charge du projet. Les acteurs économiques appellent à une reprise en main plus forte du dossier. – Grégoire Souchay
© Franck AlixY a-t-il un pilote dans la péniche ? C’est la question que l’on se pose depuis la semaine dernière alors que la sous-préfète de région, Marie-Thérèse Delaunay, a quitté ses fonctions pour rejoindre la sous-préfecture de Montluçon, dans l’Allier. Problème : elle était responsable du dossier du Canal du Midi. À la tête du comité des biens, installé fin juin 2016, elle avait notamment pu organiser, début 2017, les premières assises du canal.
L’objectif était alors d’élaborer un plan d’action pluriannuel et de refaire valider le classement de l’ouvrage au patrimoine mondial de l’Unesco en 2019. Depuis, plus grand-chose n’a filtré sur l’avancée du dossier. « Nous sommes dans un tournant dans le pilotage du projet », précise la haute-fonctionnaire. « J’ai déjà mis en œuvre une bonne partie de mes missions. Le décret du 25 septembre 2017 a permis de classer, au titre des sites, les paysages du canal. Nous avons travaillé à la constitution d’un groupement d’intérêt public, mais une telle structure était trop formelle et pas assez mature », assure-t-elle.
Difficile d’en savoir plus. Qu’il s‘agisse de la préfecture de Haute-Garonne, de l’Aude, de Voies navigables de France (VNF), de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) ou de la Région Occitanie, personne n’a été en mesure de répondre à nos questions sur l’avenir du projet. Et le départ de la sous-préfète n’a, à notre connaissance, fait l’objet d’aucun communiqué de la part de ces acteurs engagés dans ce dossier. Pour Pierre Cardinale et Valérie Piganiol, du club économique Toulouse au fil de l’O, la raison est simple : « Si vous trouvez des traces des travaux du comité des biens vous m’appelez », lancent-ils, sarcastiques. Et pour cause, selon eux, les commissions thématiques qui étaient prévues « n’ont jamais vu le jour » et la concertation s’est bornée à « des réunions entre fonctionnaires ». Conséquence : « Les problèmes de développement économique n’ont pas été abordés. » Et ces problèmes sont nombreux : outre l’abatage des platanes malades, se posent les questions des cabanes érigées par des sans-abris par endroits au bord du canal, des difficultés de gestion des eaux pluviales, de la pollution, de la cohabitation entre habitants des rives et voie verte…
S’y ajoutent les problématiques sociales à Voies navigables de France. Comme l’explique Dominique Gueffier, secrétaire général de la CFDT dans la division Sud-Ouest de VNF, « l’établissement public fait de plus en plus appel à des emplois précaires, des CDD saisonniers de deux à cinq mois. On craint qu’à terme, ils veuillent fermer le canal l’hiver ». Face à toutes ces questions, pour Toulouse au Fil de l’O, « il est temps que l’État mandate des personnalités politiques pour reprendre en main un dossier dont l’administration se fiche ». Parmi les pistes évoquées, un duo entre Martin Malvy, ancien président PS de Région et le sénateur de Alain Chatillon (Les Républicains), auteur d’un rapport en 2012 sur l’avenir du canal. Reste à voir si les intéressés se saisiront du projet avant le réexamen de la candidature à l’Unesco.
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