Suite à l’annonce gouvernementale de la suppression de 4 000 postes dans l’Éducation nationale, les syndicats enseignants ne décolèrent pas ; d’autant qu’en Haute-Garonne, la situation est déjà critique puisqu’en septembre, « on recensait déjà 1 114 jours de classes non remplacés dans les écoles du département ».
« En Haute-Garonne, en septembre, il y a eu une moyenne de 53 classes par jour sans enseignant, soit 1 114 jours de classes non remplacés dans les écoles du département. » Un constat dressé par l’intersyndicale des enseignants du premier degré, à partir des données communiquées ce jeudi 10 octobre par les services départementaux de l’Éducation nationale. Des chiffres qui, d’ordinaire, n’atteignent ce volume qu’en juin. « Au cours de l’année, la présence des professeurs des écoles se dégrade, ce qui signifie que la situation va empirer de façon certaine », explique Rémi Lasfargues, co-secrétaire du syndicat FSU-SNUipp 31. D’autant qu’aucun poste d’enseignant n’a été créé pour cette année scolaire, au contraire, « le gouvernement vient même d’annoncer la suppression de 4 000 postes », peste-t-il.
Même si la ventilation par académie n’a pas encore été communiquée, les enseignants de Haute-Garonne n’attendent pas pour tirer la sonnette d’alarme. « Le département est déjà l’un des moins bien dotés de France en nombre de professeurs des écoles disponibles par rapport au nombre d’élèves », affirme Rémi Lasfargues. Sans compter, « les chiffres trompeurs avancés par le recteur : il parle de classes à 23 enfants maximum, mais c’est faux. Ceci n’est qu’une moyenne, et cela fait une sacrée différence. Car, dans notre académie de Toulouse, se trouvent des territoires très disparates ; ainsi, il pourra y avoir des classes rurales avec 20 élèves, mais des classes en milieu urbain avec bien plus de 23 enfants », explique le syndicaliste, qui rappelle qu’en Haute-Garonne, « il faut 32 élèves en moyenne pour ouvrir une classe ».
Or, « pour que l’école publique garantisse un enseignement de qualité et ne se contente pas du strict minimum au profit des établissements privés », l’intersyndicale estime que le nombre d’élèves par classe dans l’académie de Toulouse ne devrait pas excéder :
Pour atteindre ces objectifs, « il manque 1 700 postes dans le premier degré », assène Rémi Lasfargues. Des enseignants aux AESH, en passant par les professeurs du Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased), sans oublier les Atsem, les psychologues scolaires…
La première urgence étant d’assurer le remplacement des enseignants absents, et ce tout au long de l’année. Car, si les absences de longue durée sont d’ores et déjà assurées par des remplaçants, et ce dès septembre, il ne reste plus personne pour pallier les absences de courtes durées », relève le co-secrétaire du syndicat FSU-SNUipp 31. Les enfants seront donc disséminés dans d’autres classes, déjà surchargées. Pour éviter cette situation « indigne de nos services publics », l’intersyndicale Education du premier degré exige des actions rapides et concrètes en Haute-Garonne.
D’abord, le recrutement de contractuels pour répondre à l’urgence, avec possibilité de titularisation pour les volontaires. Ensuite, le réabondement et le recrutement de la liste complémentaire au concours de professeur des écoles : « Nous demandons au jury 2024 de se réunir à nouveau pour valider le concours des candidats suivants. » L’augmentation des postes au concours est donc également un enjeu, à l’image des numerus clausus en médecine. Enfin, la mise en place d’un véritable plan d’urgence pour l’école publique en Haute-Garonne, « étalé sur plusieurs années si le budget l’exige », accepte la FSU-SNUipp 31, « avec un plan de recrutement pluri-annuel ».
« La FSU-SNUipp, au niveau national, a réuni l’intersyndicale Éducation pour déposer, ce lundi 14 octobre, une “alerte sociale” sur le budget 2025 », indique Rémi Lasfargues. Une action préalable à un cycle de mobilisations dans le premier degré, dès la rentrée des vacances de la Toussaint.
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