Suite à plusieurs études sur l’eau potable en Occitanie révélant une potentielle pollution, l’Agence Régionale de Santé (ARS) Occitanie multiplie les contrôles sanitaires dans la région.
Souvenez-vous, le 18 octobre 2023, nos confrères du Canard Enchaîné dévoilaient un courrier du directeur de l’ARS Occitanie, Didier Jaffre, adressé à ses cadres. On y apprenait que l’eau du robinet de la région ne devait « plus être consommée ». En cause ? La présence « de PFAS (des substances per- et polyfluoroalkylées, aussi appelées les polluants éternels, NDLR) et de métabolites partout. Et, plus on va en chercher, plus on va en trouver ». Une première vague d’inquiétudes s’en est alors suivie.
Trop de cochonneries dans les robinets ? Un directeur d'ARS sonne l'alarme sur l'eau potable dans un message confidentiel que "Le Canard" a pu consulter. En cause : les polluants éternels (PFAS) et les résidus de pesticides qui envahissent les tuyaux…
— Le Canard enchaîné (@canardenchaine) October 18, 2023
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Plus récemment, début février, encore un autre scandale a explosé lorsque l’association Générations Futures a réalisé une étude des eaux à Salindres, au Nord-Est de Montpellier, et a révélé que l’usine Solvay rejetait des polluants dans le cours d’eau traversant le village. Des quantités record d’acide trifluoroacétique (TFA), un composé organique classé comme PFAS selon l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE), y ont été retrouvées. Suite à ces nombreuses révélations, l’ARS Occitanie a décidé d’agir et de mener une campagne massive de contrôles sanitaires de l’eau de consommation et d’analyses PFAS. Pour Didier Jaffre, « il est important que chacun sache quelle eau il boit tous les jours ».
La réglementation européenne impose la recherche des PFAS à l’horizon 2026. L’ARS a décidé de prendre un coup d’avance et de programmer 329 contrôles sur des points de prélèvements d’eau répartis en Occitanie. Ils viennent s’ajouter aux 121 prélèvements déjà effectués depuis juin 2023 sur les points de captages d’eaux destinées à la consommation en cours d’autorisation. Les résultats seront publiés courant avril 2024 sur le site de l’ARS Occitanie.
Une campagne nationale d’analyses a elle aussi été lancée, pilotée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) avec des analyses programmées en 2024 autour de polluants émergents, dont une trentaine de PFAS.
Olivia Hanotte, Ingénieure en santé environnementale à l’ARS précise que « les PFAS sont une problématique émergente. Ce sont des polluants résistants, présents dans l’air, dans le sol et bien sûr dans l’eau. On en retrouve dans beaucoup d’éléments du quotidien et il est assez compliqué de déterminer exactement leurs effets sur la santé ». De son côté, l’Agence européenne pour l’environnement assure que ces polluants éternels « peuvent entraîner des problèmes de santé tels que des lésions hépatiques, des maladies thyroïdiennes, de l’obésité, des problèmes de fertilité et des cancers ».
Depuis le lancement des premières analyses en juin dernier, « aucun contrôle n’est revenu positif concernant la présence de polluants éternels » précise le directeur de l’ARS Occitanie. Questionné sur l’enquête menée par l’association Générations Futures dans le Gard, celui-ci a répondu que « seules les études réalisées par les laboratoires agréés de l’Agence Régionale de Santé sont valables et peuvent entrer en jeu ».
Clément Thiery (ISCPA)
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