L’activité viticole a été fortement dégradée cette année eu égard à la sécheresse, phénomène désormais récurrent. A Gruissan, dans l’Aude, l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae) expérimente la réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation des vignes. Les détails d’une solution visant à sauvegarder la filière en Occitanie.
Dans l’Aude, comme dans tous les départements viticoles d’Occitanie, les ceps ont souffert du manque d’eau cet été. Une sécheresse récurrente qui met en péril toute la filière régionale. A Gruissan, un collectif composé d’agriculteurs, d’élus locaux, de la Chambre d’agriculture, de Véolia, d’Aquadoc, de la Cave coopérative de la commune et du Grand Narbonne réfléchit à des solutions pour préserver les cultures. Depuis 2010, ils travaillent, en partenariat avec l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae) sur un projet de réutilisation des eaux usées traitées (REUT) pour l’irrigation des vignes, baptisé “Irri-Alt’Eau”.
Ce dispositif, testé depuis 2022 en grandeur nature, vise à exploiter l’eau traitée par la station d’épuration de Narbonne-Plage, située à neuf kilomètres de la parcelle à irriguer. Le liquide passe ensuite dans deux conteneurs qui le filtrent une seconde fois, et le traitent contre les bactéries. L’eau est alors injectée dans les sept kilomètres de canalisations qui parcourent les 25 hectares de vignes à arroser. Un système de goutte-à-goutte, régi par 13 bornes pilotables à distance, assure enfin l’irrigation.
Ce test « permet de sécuriser les rendements viticoles en adaptant l’accès à l’eau pour les vignes locales », explique Nicolas Saurin, responsable de l’unité INRAE de Pech Rouge, seule structure d’expérimentation à vocation de recherche en viticulture. Si les résultats sont concluants, cette nouvelle ressource en eau pour l’irrigation des vignes pourra être dupliquée et représente une alternative crédible au prélèvement d’eau en milieu naturel. Un espoir pour toute la filière viticole. D’autant que la marge de manœuvre est importante quand on sait que la France ne réutilise que 1% des eaux usées selon le ministère de l’Agriculture.
Ce dispositif, pour l’instant destiné à l’irrigation, pourrait même être étendu à d’autres usages comme l’arrosage des espaces verts publics, le nettoyage des voiries…, ce qui permettrait d’économiser considérablement l’eau potable. Mais il s’agit-là d’une autre étape, car la technologie reste couteuse : l’irrigation de 25 hectares de vignes aura nécessité un financement de 1,2 million d’euros.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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