Certains éminents spécialistes reconnaissent à ce lieu toulousain confidentiel, situé entre les quartiers Guilhemery et Bonhoure, le statut de potentiel centre du monde. En quoi la place Pinel est-elle si remarquable ?
Mais quel est le point commun entre le viaduc des Fades en Auvergne, une place introuvable à Caen ou le village de Sainte-Honorine-des-Pertes près de Port-en-Bessin ? Et qu’est-ce qui a valu à la place Marius Pinel l’honneur d’être intégrée à cet étrange inventaire mondial qui compte moins d’une dizaine de biens patrimoniaux notables et où l’on ne trouve ni le Mont-Saint-Michel ni l’Abbaye cistercienne de Fontenay ?
« La Place Marius Pinel, construite il y a 70 ans, est essentiellement remarquable par son kiosque dessiné par Jean Montariol, l’architecte en chef de la ville à qui l’on doit la piscine Nakache ainsi que de nombreuses écoles, bibliothèques et toilettes municipales. Or, ce kiosque a la particularité d’être impropre à accueillir des concerts car son acoustique est tellement déplorable que la musique est renvoyée vers l’intérieur et non vers le public », commente Yves Le Pestipon, président de l’Académie des sciences de Toulouse et adepte de la banalyse, l’étude du banal dans un cadre artistique.
En apparence, donc, rien d’extraordinaire ! Pourtant, cette place avec son kiosque aphone qui attire les poètes comme les plus éminents banalystes a été reconnue, en raison de son insignifiance universelle, comme un centre potentiel du monde. « La place Pinel est un lieu résolument quelconque, donc apte à tout », aurait déclaré un poète local. « Ce lieu, qui n’est pas mystérieux en soi, à la différence de la grotte de Lourdes, le devient infiniment dès lors qu’on l’étudie attentivement. Nous avons remarqué que la place compte 26 numéros. Or, c’est le seul nombre entier directement compris entre un carré (5 au carré) et un cube (3 puissance 3). Pour la Cabbale, c’est le nombre de Dieu, le lien entre la platitude et les trois dimensions. De même, en introduisant une caméra dans les fondations du kiosque, nous avons découvert un parapluie noir, ouvert et renversé, qui doit avoir plus de 40 ans. C’est un mystère source de multiples controverses et de profondes méditations », confirme le fantaisiste érudit.
C’est à l’occasion de la 7e édition toulousaine du festival Fifigro que les organisateurs, cinéphiles mais également banalystes à leurs heures, ont eu vent des mystères de la place Pinel et suggéré son inscription, le 17 septembre 2018, au patrimoine mondial de la banalyse. Un honneur pour la petite équipe d’initiés qui se réunit régulièrement sur les lieux pour y mener des actions poétiques, parfois de grande envergure, comme la pinélisation du monde. Une entreprise consistant à récolter un peu de sable de la place pour le répandre aux quatre coins de la terre. « C’est assez amusant de pinéliser le Vatican en pleine messe ou le palais de Buckingham », confesse notre fervent pinélisateur.
Nicolas Belaubre
Nicolas Belaubre a fait ses premiers pas de journaliste comme critique de spectacle vivant avant d’écrire, pendant huit ans, dans la rubrique culture du magazine institutionnel ‘’à Toulouse’’. En 2016, il fait le choix de quitter la communication pour se tourner vers la presse. Après avoir été pigiste pour divers titres, il intègre l’équipe du Journal Toulousain, alors hebdomadaire de solution.
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Commentaires
Foissac le 22/02/2025 à 17:27
Habitant depuis peu à proximité de la place Pinel, je n'en avais pas mesuré les secrets et bizarreries... Je crois que je n'irai plus jamais amener mon chien au dog-run ou à ma fille au toboggan avec les mêmes yeux !! AF
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Nicolas Belaubre le 22/02/2025 à 09:33
Nous sommes ravis que notre article participe de l'enchantement de votre quotidien. Nous vous souhaitons d'agréables promenades sur cette place avec votre fille et votre chien. La rédaction.