La voyageur toulousain Georges Labit, connu pour avoir fondé le musée du même nom, est mort en 1899 dans des circonstances étranges. La cause officielle de son décès n’a jamais été divulguée. Emasculation, assasinat, maladie foudroyante… Les hypothèses sont nombreuses. Le Journal Toulousain a tenté d’obtenir la vérité.
Le mystère qui entoure sa mort fascine encore. Plus de 120 ans après, la disparition de Georges Labit, voyageur et collectionneur toulousain et fils du riche entrepreneur Antoine Labit, reste inexpliquée à ce jour. Celui qui a ouvert le musée éponyme à Toulouse est en effet décédé dans des circonstances troubles le 9 février 1899, soit trois jours avant ses 37 ans. Sa mort aurait été violente, mais les précisions s’arrêtent là. Aucune cause officielle n’est en effet révélée.
Les rumeurs vont alors bon train dans la Ville rose. « Selon la presse de l’époque, Georges Labit serait mort de sept manières différentes », rapporte Philippe Jové, auteur du roman La Pierre de l’Orgueil, dans lequel il revient sur les mystères de son décès. Parmi ces nombreuses hypothèses : l’émasculation.
« Certains affirment que c’était un coureur de jupon et qu’un mari cocu l’aurait émasculé ou que c’est une maîtresse éconduite qui lui aurait pris ses attributs. D’autres disent qu’il était homosexuel et que c’est pour ça qu’il aurait été émasculé », détaille Philippe Jové. Pour le jeu de mots, des journaux écrivaient d’ailleurs que Georges Labit avait… « perdu son nom ». Il faut effectivement prononcer le “t” de Labit.
Une autre théorie fait état d’ « un auto-empoisonnement avec des piments qu’il aurait rapporté du Maghreb », informe l’écrivain. Il avait effectivement séjourné plusieurs fois en Afrique du Nord, mais aussi en Europe, en Laponie, en Chine et au Japon pour notamment acheter des objets destinés à rejoindre son musée ou à être vendus à La Maison Universelle, le magasin de son père.
« La famille évoque par ailleurs une crise d’appendicite qui aurait nécessité une intervention. Georges Labit serait ainsi mort d’une septicémie », relate Philippe Jové. Mais l’hypothèse la plus répandue reste celle de la flèche empoisonnée. « Il est mort, dit-on, à cause d’une fléchette ou d’une flèche empoisonnée qui aurait été dérobée dans son propre musée », précise l’auteur.
Mais qu’est-il réellement arrivé à Georges Labit ? Nul ne le sait, à part sans doute Antoine Labit, son père. Il a révélé à une petite cousine de la famille le nom de la personne qui aurait tué son fils : Georges Sicard. Ce dernier est le photographe de Georges Labit, mais aussi le frère de sa maîtresse Angèle. « Elle a dû se retirer dans les ordres à la demande de la famille Labit pour ne pas faire ombrage à Georges Labit qui allait se marier », raconte Philippe Jové.
Il devait effectivement épouser une certaine Louise. Mais ce mariage ne va jamais avoir lieu. « Une dispute aurait éclaté entre Georges Sicard et Georges Labit, car le premier craignait de perdre son travail. Ils en seraient venus aux mains et Georges Sicard l’aurait blessé mortellement », indique l’écrivain. Georges Labit serait mort 24 heures après, « dans des souffrances extrêmes ».
Sachant cela, son père se serait opposé à toute enquête de police. « Il a décidé de ne pas poursuivre Georges Sicard car il avait deux enfants à charge. Antoine Labit estimait que cela n’aurait pas été leur rendre service de le faire », explique Philippe Jové.
Il ajoute : « La famille Labit était très croyante et pratiquante. Antoine a donc préféré pardonner et ne pas causer le mal au sein de cette famille. Il s’est peut-être aussi senti responsable de l’enchaînement des faits, comme il s’était opposé au mariage de Georges avec sa maîtresse parce qu’elle n’était pas de condition assez élevée. » Antoine Labit aurait alors donné une somme d’argent importante à Georges Sicard pour qu’il parte loin de Toulouse « et ne puisse pas nuire à l’image de son fils », souligne l’auteur.
Pour l’écrivain, la version des faits avancée par le père est « la plus probable ». Mais des zones d’ombre persistent dans cette histoire. Pourquoi la famille a-t-elle décidé de ne pas recevoir de visites avant l’enterrement de Georges Labit ? « Le corps n’a jamais été vu, le cercueil a été fermé, scellé et déposé dans un sarcophage en métal. Personne n’a pu rendre une dernière visite à Georges Labit », informe Philippe Jové.
Peu de temps après la mort de Georges Labit, son père a par ailleurs détruit des documents dans les archives de son fils. Que cherchait-il à cacher ? Sa sexualité ? « On n’a jamais retrouvé de courriers qu’il aurait reçus de femmes ou d’hommes en réponse à d’autres lettres. Les seuls qui sont préservés ce sont ceux entre Georges et sa tante. Personne n’a eu accès à sa correspondance très privée », appuie l’écrivain.
Que dire aussi de la proposition d’Antoine Labit de léguer la moitié de sa fortune à la nièce d’Angèle Sicard ? « On voyait souvent cette petite en compagnie de Georges Labit et Angèle Sicard. Il lui achetait des jouets », précise l’écrivain. En plus de sa mort, la vie de Georges est donc aussi pleine de mystère.
« Il y a tellement d’enjeux financiers, avec La Maison Universelle, qu’on veut taire à tout prix les frasques de Georges et les conditions de sa mort. On met une chape de plomb sur ces faits pour ne pas créer d’opportunités aux concurrents malveillants », note Philippe Jové. En tout cas, les héritiers envisagent une exhumation du corps de Georges Labit « pour pratiquer une autopsie afin de faire toute la lumière sur la cause de sa mort ». L’écrivain poursuit : « La famille est curieuse de savoir enfin la vérité ». Les Toulousains aussi, assurément…
Commentaires
chacha le 22/02/2025 à 16:11
bonjour, l'autopsie a t elle eu lieu ? une date de prévue ? quel suspens !
Merci