Malgré son prestige, le Pont-Neuf n’est pas le plus vieux pont de Toulouse. Un titre qui revient à un autre ouvrage plus discret, symbole d’un quartier autrefois sulfureux : le pont de Tounis.
Mais quel est donc le plus vieux pont de Toulouse ? Posez la question à un Toulousain. Il y a de fortes chances pour l’entendre répondre qu’il s’agit bien évidemment du Pont-Neuf, avec l’air assuré de celui qui ne se laisse pas berner par cette appellation trompeuse.
Bien ancrée dans la Ville Rose, cette croyance populaire est pourtant fausse. Ou du moins, pas tout à fait exacte. Car pour être précis, si le Pont-Neuf est bien le plus vieux pont de Toulouse, ce n’est que parmi ceux enjambant la Garonne. En effet, à quelques centaines de mètres à peine de lui, se trouve un autre ouvrage bien plus ancien et pourtant bien moins connu : le pont de Tounis.
Contrairement à son prestigieux et imposant voisin, l’ouvrage en question ne surplombe pas un fleuve mais… une avenue. Petit et trapu, encastré dans deux rangées d’immeubles, le Pont de Tounis n’a, à première vue, rien de remarquable. Il n’en reste pas moins qu’avec ses 492 berges, il est bien le doyen des ponts toulousains. Précédant même de près d’un siècle ce petit jeunot de Pont-Neuf et ses 388 printemps.
Difficile à imaginer de nos jours mais avant le bitume, c’est bien de l’eau qui a coulé sous le pont de Tounis pendant plus de 400 ans. Jusqu’en 1954, celui-ci servait à traverser un bras de la Garonne appelé la Garonnette pour relier ce qui était alors l’île de Tounis à la rive droite de Toulouse. C’est à cette date qu’il a été décidé d’assécher l’excroissance du fleuve.
Suite à une nouvelle crue dévastatrice, la municipalité de l’époque lançait en effet un vaste plan de canalisation de la Garonne qui incluait également la construction de nouvelles digues. Quelques années plus tard, les voitures pouvaient circuler en lieu et place de l’ancien lit de la Garonnette, sur l’avenue du même nom.
Si le pont de Tounis doit, en quelque sorte, sa désuétude aux caprices de la Garonne, il leur doit aussi son existence. Car c’est pour remplacer un ancien pont de bois, maintes fois emporté par les crues, que les Capitouls décidèrent, au début du XVIème siècle, d’ériger un nouvel ouvrage en brique.
Construit en pente, afin de rattraper un dénivelé de plus de 5 mètres entre l’île et le quartier de la Dalbade, le pont s’est progressivement fait enserrer par de nouvelles constructions. Si bien qu’aujourd’hui, seules deux des trois arches d’origine restent partiellement visibles. Et alors que l’île de Tounis était autrefois une zone industrielle et rebelle, réputée mal fréquentée et sale, le pont du même nom subsiste aujourd’hui dans un quartier tout ce qu’il y a de plus paisible, en toute discrétion.
Commentaires
Bernard le 22/02/2025 à 15:05
Merci de cet article qui rectifie une indication fausse donnée par erreur, même par des instances toulousaines officielles et qui de surcroît nous informe Sur l’environnement originel, du vrai plus ancien pont, peut-être pas de la Garonne, mais de Toulouse.☺️