Il se trouve sous la gare routière de Toulouse-Matabiau un vestige de la Seconde Guerre mondiale tellement imposant et solide que l’on a préféré le laisser sur place…
Il mesure 25 mètres de long, 15 mètres de large et 8 mètres de haut. Une structure de 800 mètres cubes se cache sous la gare routière de Toulouse-Matabiau, affleurant au niveau de l’entrée des bus, à quelques centimètres de l’espace public. Il s’agit d’un bunker datant de la Seconde Guerre mondiale, qui aurait hébergé le central téléphonique des occupants allemands. Avec ses murs de trois mètres d’épaisseur, il n’est pas indestructible, mais presque… « À cette époque, ce type d’ouvrage était en béton armé. Avec énormément de ferraille. C’est une matière très compliquée à casser », confirme Cédric Chenot, le directeur des études et du développement d’Europolia, la société publique en charge de l’aménagement urbain de Toulouse Métropole.
C’est ainsi qu’il a été décidé, au sortir de la guerre, de laisser le colossal vestige sur place. Ou plutôt de l’enfouir. Car, à l’origine, il se trouvait en surface, au même niveau que le boulevard Pierre Semard, qui longe l’actuelle gare routière. « Le bunker a été escamoté, à la fin des années 1950. Cela signifie que l’on a creusé d’un côté pour le faire pencher, puis de l’autre. Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il soit sous terre », explique Cédric Chenot. De ce chantier monumental, il reste des plans, dits de récolement, qui indiquent précisément l’emplacement et les mensurations de la bête. Des données précieuses pour le maître d’ouvrage Europolia, dans l’hypothèse où il faudrait effectuer des travaux sur le site.
Justement, dans le cadre du projet Grand Matabiau – Quais d’Oc, il est envisagé la possibilité de déplacer la gare routière, proche de la saturation avec le million de voyageurs qu’elle accueille chaque année. Des études ont donc été menées conjointement par le Conseil départemental de la Haute-Garonne, propriétaire du bâtiment, Tisséo, opérateur des transports publics toulousains, et la Région Occitanie, autorité régulatrice des transports. À ce jour, celle-ci n’a pas tranché. « La présence du bunker n’est pas un élément qui influera sur la décision finale. C’est juste une contrainte parmi d’autres », ajoute Cédric Chenot. En tout état de cause, si la gare routière venait à être déménagée, cela n’interviendrait pas avant 2028, date fixée pour le lancement de la troisième phase du chantier de réaménagement du quartier, dans les secteurs Canal et Périole.
Europolia s’est préparé à toutes les éventualités. « Il y a deux variantes : soit on évacue le bunker après l’avoir démoli, soit on le contourne », résume le directeur. La première opération engendrerait un bilan carbone conséquent et certaines nuisances pour le voisinage : bruit, vibrations ou poussière. La deuxième semble moins coûteuse, financièrement et environnementalement. « Tout dépend du projet qui sera présenté, à partir duquel nous pourrons réaliser des études précises. Mais, quoi qu’il en soit, il ne devrait pas y avoir de difficulté majeure à contourner l’obstacle ». En attendant, les bus et les autocars continueront de rouler dessus. S’il en était besoin, la SNCF précise que le bunker de Matabiau, muré et enfoui, ne se visite pas.
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