Quel est le point commun entre le Pape Urbain II, Pierre de Fermat, un scarabée et la Belle Paule ? Tous ont l’honneur d’avoir, au Capitole, leur place sur les murs de la salle des Illustres, le Panthéon de la Ville rose. Mais qui sont donc ces personnalités qui méritent une telle attention ?
Le long de l’escalier d’honneur du Capitole, une file d’enfants en sortie scolaire se presse en accordéon. En rang d’oignon, la petite colonne traverse la salle Gervais et pénètre dans une pièce fastueuse. Le seuil franchi, l’un des écoliers lève les yeux vers l’enseignante qui l’accompagne et l’interroge : « Maîtresse, c’est ici la salle des lustres ? » Réprimant un sourire avec bienveillance, l’institutrice corrige, « la salle des Illustres », avant de se lancer dans une leçon abrégée d’histoire.
Le nom de cette galerie au luxe ostentatoire vient des nombreux bustes, représentant des personnages ayant marqué le passé de la ville, qui en ornent les murs. C’est au Capitoul Germain de Lafaille que l’on doit la première version de ce Panthéon local, construit en 1674. Juristes, hommes politiques, médecins, poètes… ce sont d’abord 30, puis 47 Toulousains qui sont élevés au rang d’Illustres.
Saint-Ursule, Théodoric Ier, roi de Toulouse qui repoussa les Romains puis Attila, l’architecte Nicolas Bachelier, l’abbé Sicard, le mathématicien Pierre de Fermat et, bien sûr, monsieur de Lafaille lui-même. En revanche, certains, comme Jean-Louis de Nogaret de La Valette, le mignon de Henri III, font figure d’illustres inconnus. Voire, d’oubliés notoires : en effet, le 8 mars 1841, le conseil municipal vota l’ajout du buste du général Verdier à celui de ses glorieux concitoyens. Une délibération qui, malheureusement pour lui, attend toujours d’être exécutée !
Détruite en 1887, la salle des Illustres est rebâtie et allongée cinq ans plus tard. Cette galerie est alors pensée pour rendre hommage à la ville. Du sol au plafond, des peintures monumentales représentent les principaux mythes et grandes heures de l’histoire locale. L’entrée à Toulouse du pape Urbain II, l’apothéose de Clémence Isaure, la défense de Toulouse durant les croisades albigeoises ou encore la Belle Paule à son balcon.
Si la salle des Illustres inspire splendeur et majesté, à y regarder de plus près, de nombreux éléments de décor sont réalisés en stuc et en trompe-l’œil. Les statues sont en terre cuite et la majorité des colonnes en faux-marbre peint. Les artistes Faure et Monlong s’étant d’ailleurs amusés à disséminer quelques insectes et papillons, dessinés entre les veines de silices.
La plupart des bustes ayant été dispersés en 1793, il ne reste aujourd’hui que 12 personnalités, dont le docteur Delpech, Pierre-Paul Riquet et Maximilien Caffarelli, qui jouissent encore du privilège de contempler, jour après jour, le lent défilé des touristes et de ne manquer aucune des cérémonies municipales et des mariages qui y sont célébrés.
Nicolas Belaubre
Nicolas Belaubre a fait ses premiers pas de journaliste comme critique de spectacle vivant avant d’écrire, pendant huit ans, dans la rubrique culture du magazine institutionnel ‘’à Toulouse’’. En 2016, il fait le choix de quitter la communication pour se tourner vers la presse. Après avoir été pigiste pour divers titres, il intègre l’équipe du Journal Toulousain, alors hebdomadaire de solution.
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