2021 sera une année particulièrement chargée pour l’astrophysicien toulousain Sylvestre Maurice : avec son équipe, il ira chercher des traces de vie sur Mars. Rien de moins.
L’astrophysicien toulousain Sylvestre Maurice sait déjà quelle sera sa journée la plus importante en 2021. Le 18 février, vers 21h30, lui et son équipe de l’Institut de recherche en astrophysique et de planétologie (Irap) assisteront à l’atterrissage, sur Mars, du Rover Perseverance. À son bord, l’œil du robot, la SuperCam qu’ils ont fabriquée à Toulouse. « Ce sera un instant à la fois magique et extrêmement technique. Sept petites minutes pour poser un véhicule d’une tonne. Et si tout se passe bien, nous pourrons commencer nos opérations quelques heures après », explique-t-il. Perchée au-dessus du Rover, la caméra analysera la composition du sol de la planète rouge, pour y trouver des traces de vie passée.
300 chercheurs et techniciens français d’une quinzaine de laboratoires du CNRS et de grandes entreprises industrielles, tous chapeautés par le Cnes, travaillent depuis 2014 à la concrétisation de ce projet fou, conçu par Maurice Sylvestre. « J’ai eu l’idée, je l’ai confiée aux ingénieurs qui en ont fait un instrument… Et je me retrouve en bout de chaîne, 7 ans plus tard, à analyser ses résultats », précise-t-il. Car c’est à Toulouse que sera piloté Perseverance, pourtant développé par la Nasa. Comme l’est du reste le Rover Curiosity, qui fêtera ses 3 000 jours martiens la semaine prochaine. Pareillement le fruit de l’imagination de l’astrophysicien toulousain, sa caméra a permis d’établir que Mars a été « habitable » par le passé. « Cette planète s’est arrêtée de fonctionner. Contrairement à la Terre où tout a été effacé, on peut donc y trouver les premières images du film de sa création », raconte le scientifique.
Formé à l’école d’ingénieur Supaero et à l’Université Paul-Sabatier de Toulouse, l’homme admet qu’il fait « le plus beau métier du monde ». Sa passion pour la vie extraterrestre, il la tient d’une époque, « celle des années 1970 et 1980, où l’on se demandait encore si les martiens existaient et où Hollywood entretenait le mystère ». Et naturellement, son métier de planétologue l’amène à se poser « des questions de fond sur l’origine de l’univers, de la Terre et de la vie ». Sylvestre Maurice passe aussi une bonne partie de son temps à enseigner, là même où il a fait ses études. Ou à communiquer le fruit de ses recherches au grand public : « On lui doit ces histoires, cette connaissance. C’est la monnaie de sa pièce, car la conquête spatiale est financée par le contribuable. » Et il estime la science plus que jamais nécessaire dans les temps incertains que nous traversons. « C’est elle qui nous offre une porte de sortie de la pandémie de Covid-19, grâce au vaccin. »
2021 sera aussi l’occasion pour Sylvestre Maurice de suivre, en avril, l’atterrissage de Tianwen-1, la première mission chinoise à la surface de Mars, à laquelle il a collaboré. Puis, il se concentrera sur le Rover ExoMars de l’Agence spatiale européenne (ESA), qui doit être lancé en septembre 2022.
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