Les spectacles en configuration debout étant toujours interdits, les salles de concerts ne savent pas de quoi leur avenir sera fait à Toulouse. Espérée en septembre, la reprise pourrait bien n’avoir lieu qu’en 2021.
Il faudra peut-être attendre 2021 pour la reprise des concerts à Toulouse, comme ici au Bikini CC Wikiedia Commons / Patrick. SY aura-t-il de la musique pour la rentrée, au mois de septembre, dans les salles de concerts de Toulouse ? Plus de quatre mois après leur mise en sourdine, et alors que la quasi-totalité des autres secteurs d’activité ont redémarré, c’est le plus grand flou qui règne encore sur le monde de la musique.
Officiellement, le Bikini se tient prêt pour le 4 septembre, date toujours annoncée sur son site Internet pour le premier concert post-confinement avec le groupe Salut c’est cool. Mais au sein du temple des musiques actuelles de l’agglomération toulousaine, l’heure est plutôt au scepticisme. « Tous les gros concerts de septembre ont déjà été décalés à l’automne. Nous avons une programmation de prête, mais tout est tellement hypothétique qu’on reporte encore petit à petit à début 2021. Le problème c’est que nous n’avons aucune perspective, il y a de la part des autorités un silence retentissant sur la question des concerts. Nous nous sentons complètement oubliés », déplore Annabelle Creton, chargée de la communication au Bikini.
Il y a quelques jours, 1500 professionnels du secteur, dont de nombreuses salles et structures toulousaines, ont ainsi envoyé une lettre ouverte au gouvernement pour enfin obtenir de sa part « un positionnement quant à une possible échéance de reprise des concerts en configuration debout ». En effet, depuis le 31 mai, dans le cadre des décrets prescrivant les mesures nécessaires pour faire face à l’épidémie de coronavirus, les établissements recevant du public ont interdiction d’organiser « des spectacles en station debout ». Une restriction jugée incompatible avec l’essence même de l’activité.
« Actuellement, pour avoir le droit d’organiser des concerts dans une salle, il faut que le public soit assis, avec 1m² par personne quand, en temps normal, il y a trois personnes par m². C’est impossible pour nous sachant que notre seuil de rentabilité se situe entre 80 % et 95 % de remplissage », résume Samuel Capus, directeur associé des productions Bleu Citron, parmi les plus importants diffuseurs de concerts à Toulouse. « Nous avons bien conscience des difficultés liées au contexte sanitaire et nous avons étudié différents dispositifs possibles comme le fait de réduire la jauge. Mais nous n’imaginons tout simplement pas rouvrir autrement que dans les conditions habituelles », ajoute Annabelle Creton.
Or, face à l’absence de réponse des autorités et à la difficulté de relancer une machine à la logistique très lourde, les professionnels du secteur ne croient plus à une reprise à l’automne. « Nous avons longtemps espéré et nous faisons comme si cela allait être le cas, mais là, nous n’y croyons plus vraiment. Et quand on voit ce qu’ont fait les De Villiers au Puy du Fou avec 12 000 personnes pour un spectacle, il y a de quoi être en colère. Nous, nous n’avons même pas de calendrier », peste Samuel Capus.
Du côté du Taquin, club de jazz des Amidonniers, le son de cloche est le même. « Selon les échos que j’ai pu avoir, je pense que c’est fini pour 2020. Ici, nous pourrions faire des concerts assis, mais au-delà de l’aspect économique, ce n’est pas notre philosophie. Nous n’avons pas les mêmes contraintes que les grosses structures, nous sommes prêts à rouvrir rapidement, mais si des Zéniths sont montés au créneau, c’est qu’on risque d’attendre encore un moment », confie Loris Pertoldi, l’un des sept associés du lieu, en charge de la programmation.
Encore protégés par « la baguette magique du chômage partiel », dixit Samuel Capus, les salles et organisateurs de concerts toulousains ne craignent pas tant pour leur santé économique, mais surtout pour l’avenir de leur métier. « Pourra-t-on un jour revenir à des conditions normales ? C’est toute la question. Et le plus compliqué à gérer, c’est de ne pas pouvoir répondre à la très forte demande du public qui pense que nous avons des informations sur la reprise. Ce n’est pas le cas », regrette Annabelle Creton.
« Pour nous, le risque est de se démobiliser et de perdre cette dynamique collective qu’il y avait à la création du Taquin. Le pire dans cette situation est de ne pas pouvoir se projeter. Encore une fois, et là c’est prouvé, la culture est la dernière roue du carrosse », conclut Loris Pertoldi.
Commentaires
Chupin Bernard le 22/02/2025 à 09:43
S'il vous plait, soyez honnête et arrêtez de dire que le Puy du Fou a rassemblé 12.000 personnes. Il ne les a pas rassemblés, il les a séparées : 3 x 4000 n'égale pas toujours 12.000. Un train séparé en wagons n'est pas un stade de foot.