SENSUALITÉ. Dans le monde de la littérature, un genre bien spécifique rencontre depuis quelques années un joli succès. Celui de l’érotisme. À Toulouse, plusieurs ateliers d’écriture ont ainsi vu le jour dont ceux de l’auteure polyvalente, Frédérique Le Romancer.
Par Nicolas Mathé
Il ne s’agit pas à proprement parler d’un phénomène. Plutôt d’un mouvement diffus et sensible. Depuis quelques années, les ateliers d’écriture séduisent des gens de tous horizons venus coucher sur le papier des mots osés. Mais évacuons d’emblée le gros cliché qui pèse sur le sujet. Celui du succès colossal de “50 nuances de grey”qui aurait soudainement libéré une foule de ménagères frustrées. « 50 nuances de grey a plutôt surfé sur une libération déjà à l’œuvre que l’inverse. Une libération notamment amorcée par les adeptes du sexe positif, un courant féministe qui a fait du bon travail », estime Frédérique Le Romancer. Cette auteure toulousaine anime des ateliers d’écriture, et connaît bien le sujet pour pratiquer elle-même ce genre de littérature, sous couverture. Outre ces figures imposées pour des maisons d’édition parisiennes, la jeune femme écrit des œuvres plus personnelles, toutes sortes de textes classiques, érotiques et même pornographiques publiés jusqu’ici en collectif. Une littérature pour adultes qu’elle a découverte dès l’enfance, mettant la main sur la bibliothèque privée de ses oncles, dans le grenier de sa grand-mère. Manara, Brigade Mondaine, SAS et autres romans de gare, tout y passe dans un genre trusté alors par les hommes. Plus tard, ce sera les éditions de la Musardine et bien d’autres, des plumes féminines, qui lui ouvrent des perspectives.
« Je suis toujours fascinée par l’imagination dont font preuve les gens »
Le premier atelier d’écriture érotique de Frédérique Le Romancer, c’était il y a trois ans avec l’association L’Ebranleuse. Une session exclusivement réservée aux femmes qui s’est avérée surprenante. « J’avais préparé des exercices pour débloquer les participantes, persuadée que ça allait être difficile. Et c’est parti comme un boulet de canon. J’ai même du tempérer les ardeurs », s’amuse l’auteur pour qui les ateliers d’écriture sur le thème de l’érotisme, même ceux accueillant des hommes, n’ont finalement pas grand-chose de différent par rapport à d’autres plus classiques. Passés la gêne du début et les ricanements dignes de l’époque lycéenne, les participants se laissent déborder par l’écriture et partagent sans peine leurs œuvres naissantes avec le reste du groupe. Et si la dimension honteuse semble avoir totalement disparue, Frédérique Le Romancer voit tout de même dans cette mouvance une sorte de catharsis : « il y a bien sûr quelque chose de l’ordre de la libération de parole. Les gens n’ont pas de mal à parler de sexe et à échanger sur leurs lectures coquines mais ils viennent aux ateliers comme une sorte de challenge avec eux-mêmes, pour se confronter au groupe ». Friande de l’exercice, l’animatrice se réjouit d’observer l’alchimie se créer dans le groupe et les participants lâcher prise au fur et à mesure des consignes. Ainsi, aucune session ne ressemble à la précédente mais les résultats, eux, s’avèrent souvent bluffants. « On est loin du cahier des charges des livres sentimento-érotiques dans lesquels un mâle milliardaire séduit une jeune fille qui ne sait pas qu’elle est belle. L’écriture est parfois maladroite mais je suis toujours fascinée par l’imagination dont font preuve les gens », souffle Frédérique Le Romancer.
Infos pratiques
Pour plus d’infos sur les dates des prochains ateliers d’écriture érotique de Frédérique Le Romancer : www.frederiqueleromancer.fr ou www.cabinetsdecuriosites.fr
Où pratiquer ?
Outre le Cabinet de Curiosité Féminine, d’autres acteurs toulousains ont eux aussi décidé de creuser le sillon. C’est le cas notamment du magasin La clé des charmes, rue des Blanchers (www.laclefdescharmes.com) ainsi que de la compagnie Alter & Co.
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