Jusqu’au 30 août, la Maison de l’Occitanie de Toulouse propose une exposition en hommage à Charles Mouly et à ses personnages légendaires, Catinou et Jacouti. ©DR
Cette grosse mégère au langage fleuri et son époux maigrichon et alcoolique ont toujours le don de nous dérider. La Maison d’Occitanie de Toulouse expose les planches de Catinou et Jacouti, les fameux personnages immortalisés par le génial Charles Mouly, dont on célèbre cette année le centenaire : « Son style est unique. C’est un dessin au trait. Une caricature de presse qui croque ses protagonistes à la volée », dépeint Patrick Lasseube, le chef d’orchestre de l’événement, qui se tient jusqu’à la fin août.
Diplômé de Khâgne, Mouly n’était pas prédestiné à cela : « Au lieu de donner des cours de latin ou de grec, il a passé sa vie à crayonner et à raconter des histoires ! » C’est à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale qu’il ranime ces deux héros universels et intemporels du folklore occitan. Des gens du coin « tels qu’on peut en rencontrer encore dans tous les villages de nos terroirs d’Oc ». Avec leur verve et leur solide bon sens, Catinou et Jacouti sont les dignes héritiers d’une longue tradition de l’autodérision et du burlesque occitan, « qui va des troubadours aux Chevaliers du Fiel, en passant par le poète Goudouli », récapitule Patrick Lasseube. Ce dernier loue le toupet de l’auteur, qui avait décidé d’écrire les légendes de ses croquis dans un Occitan parlé, « de tous les jours » et en phonétique : « On lui a beaucoup reproché de ne pas utiliser sa forme littéraire, normalisée, et cela l’a meurtri. Mais il voulait que ses farces soient abordables, que tout le monde puisse les comprendre, même ceux qui connaissent peu le patois. Et il a su trouver les bons mots, ceux qui sonnent bien. »
« Ces scènes de la vie quotidienne touchent les gens, parce qu’ils s’y retrouvent »
C’est ainsi que le fameux couple s’est installé sur les dernières de couverture des journaux avant que leurs chicaneries soient adaptées au théâtre. Plus de 2 000 chroniques, 1 000 émissions de radio et 4 000 représentations leur sont dédiées. « C’est un succès phénoménal qui n’a jamais cessé de se confirmer. Par son ampleur et sa durée, il n’a pas d’équivalent dans les annales de la culture populaire occitane », constate celui qui, depuis la mort de Charles Mouly en 2009, le fait republier dans les colonnes des hebdomadaires “Le Villefranchois” et “La Gazette du Comminges”.
« C’est un succès phénoménal, qui n’a jamais cessé de se confirmer »
« Ces scènes de la vie quotidienne touchent les gens, parce qu’ils s’y retrouvent. Catinou et Jacouti n’ont pas vieilli et sont donc toujours très présents, y compris dans les jeunes générations », remarque Patrick Lasseube. À la tête de l’association Païs de Catinou et Jacouti, il édite et diffuse, depuis un quart de siècle, l’œuvre de Charles Mouly et organise une fête annuelle dans le quartier Minjocèbos de Saint-Lys, en Haute-Garonne, où sont domiciliés les deux personnages imaginaires : « Ils apportent partout la joie de vivre et secouent notre Midi d’un énorme éclat de rire. » Patrick Lasseube leur consacrera une anthologie complète, l’an prochain, à l’occasion du 75e anniversaire de leur renaissance.
Infos pratiques : Maison de l’Occitanie, 11 rue Malcousinat à Toulouse
http://www.ostaldoccitania.net/fr
Stars des journaux, de la radio et des planches, Catinou et Jacouti ont également vu leurs aventures faire l’objet de deux disques 33 tours, d’un film long métrage, “La cloche de Minjecèbes” de Christian Attard, et de plus d’une dizaine de publications d’ouvrages et de cartes postales, aux éditions Francis Loubatières.
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