Nouvelle mission de Thomas Pesquet, exploration martienne et livraison d’un télescope à 1,5 million de kilomètres… Quels sont les grands rendez-vous, en 2021, du Centre national d’études spatiales (Cnes) qui fête ses 60 ans.
Malgré ses 60 ans, le Centre national d’études spatiales (Cnes) est loin de songer à la retraite. Au contraire, la structure crée en 1961 par Charles de Gaulle à toujours les yeux tournés vers le ciel et rivés sur le futur. Déployer des constellations de satellites quantiques, développer des fusées réutilisables ou envoyer un premier français marcher sur la lune… la France affiche de sérieuses ambitions spatiales. « Grâce à un budget en hausse (2,3 milliards d’euros en 2021), nous feront encore, cette année, la course en tête dans un secteur ou la compétition est très serrée », se félicite Jean-Yves Legall, le président du Cnes. Mais si certains de ces projets ne verront pas le jour avant plusieurs années, les douze mois à venir seront tout de même riches en événements dans notre système solaire. Et bon nombre d’entre eux seront développés ou pilotés depuis Toulouse.
Pour les ingénieurs du Cnes, l’année 2021 commence sur les chapeaux de roue. En effet, dès le 18 février, ces dernier vivront « les sept minutes de la terreur ». Ce jour là, la sonde spatiale Mars 2020 déposera, après plus de 6 mois de transit, le rover Perseverance sur la planète rouge. Deuxième engin dédié à l’exploration martienne après Curiosity, cet astromobile a pour mission d’effectuer des prélèvements de sol et d’y chercher d’éventuelles traces de vie. Le robot récoltera ainsi une quarantaine d’échantillons qu’une mission future sera chargée de récupérer sur place. Par ailleurs, ce rover est doté de nombreux instruments scientifiques de pointe dont le spectromètre imageur SuperCam, une caméra laser fabriquée à Toulouse. « La réalité va dépasser la fiction avec des images de mars que nous n’avions pu voir, jusqu’à présent, que dans des films », s’enthousiasme Jean-Yves Legall. Un microphone associé à la caméra permettra également de saisir l’ambiance sonore sur mars.
Un mois plus tard, Thomas Pesquet, l’astronaute français formé à Toulouse, retrouvera ses anciens colocataires au sein de la Station spatiale internationale (ISS). Dans le courant du mois de mars, celui-ci devrait reprendre la route du module en orbite autour de la terre à bord du vaisseau spatial Crew Dragon développée par Space X, l’entreprise du milliardaire américain Elon Musk. « Pour son deuxième séjour, Thomas Pesquet aura plus de responsabilités, notamment dans la coordination des expériences scientifiques », précise Jean-Yves Legall. Ce dernier espère d’ailleurs que ce second voyage placera l’astronaute français dans la liste des favoris pour l’obtention d’un billet pour le prochain vol habité en direction de la lune. « Avec son CV et son expérience, Thomas Pesquet peut prétendre à se qualifier pour une telle mission dans un horizon de 8 à 10 ans. Par exemple au sein du projet Artemis, si celui-ci continue son développement. Je suis convaincu qu’il y aura des astronomes européens qui marcheront sur la lune », confirme le président du Cnes.
Il faudra toutefois attendre l’automne pour assister, selon Jean-Yves Legall au « clou de l’année », avec le lancement depuis Kourou, grâce à Ariane 5, du télescope spatial James Web. Cet outil d’observation de l’univers, pesant plus de six tonnes, prendra le relais du célèbre télescope Hubble qui arrive désormais en fin de vie. Placé à 1,5 million de kilomètres de la Terre, du côté opposé au soleil, sa résolution est telle qu’il permettra d’observer les premières étoiles et galaxies formées après le Big Bang. Une mission fondamentale pour la recherche scientifique.
Enfin, cette année, les lanceurs français et européens auront du pain sur la planche. Tout d’abord, le lanceur Vega, développé par l’Agence spatiale européenne (ESA), servira au déploiement des microsatellites du programme militaire Ceres (Capacité d’Ecoute et de Renseignement Electromagnétique Spatiale). Ces derniers permettront aux forces armées française de mener à bien des missions de renseignement. De même Ariane 5 mettra en orbite les deux satellites du projet Syracuse 4, un nouvel outil de télécommunication militaire français. Autant de missions pour ne pas perdre la main avant les premiers vols d’Ariane 6 prévus en 2022. « Nous réfléchissons déjà au futur. L’innovation joue un rôle primordial dans la souveraineté économique et le rayonnement industriel », assure Jean-Yves Legall dont les équipes planchent déjà sur Prometheus, un moteur-fusée à bas-coût. Fabriqué avec des imprimantes 3D, il permettra également d’économiser du carburant grâce à un système de régulation de la poussée. Les premiers tests sur banc d’essai auront lieu dans l’année.
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