Loin d’être surpris par l’annonce du reconfinement qui aura lieu ce jeudi 29 octobre à minuit, le monde de la culture en Occitanie, et particulièrement celui des arts vivants, regrette un manque d’anticipation et de dialogue de la part du gouvernement.
Ce jeudi 29 octobre, les rideaux tomberont sur les scènes de France. Comme de nombreuses autres filières, les arts vivants sont contraints de stopper leurs activités publiques, reconfinement oblige. Et si cette nouvelle mesure annoncée par Emmanuel Macron ce mercredi 28 octobre résonne comme un coup de grâce, le monde de la culture n’en est pas surpris. « Cela fait des mois que nous savons que cette crise sanitaire et économique ne durerait pas quelques mois, mais bien plusieurs saisons. Et au vu de la situation sanitaire, nous nous attendions à cette décision dans un avenir proche », confie Eric Vanelle, délégué Occitanie du Syndicat national des arts vivants (Synavi).
Ce dernier comprend les motivations qui ont poussé le gouvernement à cet arbitrage, et avoue d’ailleurs qu’il « ne voudrait pas être à la place de ceux qui décident ! » En revanche, cela n’atténue pas son ressentiment d’avoir été « mis devant le fait accompli ». « Le gouvernement aurait pu annoncer le reconfinement il y a une semaine, et se laisser plusieurs jours pour discuter avec les différents corps de métier impactés et trouver des solutions pour tous », explique-t-il. Selon lui, « le pari de l’intelligence collective n’a pas été pris ».
D’autant que selon Eric Vanelle, également cofondateur du théâtre du Grand Rond à Toulouse, « aucun cluster n’a été enregistré dans des salles de spectacle. Nous avons mis en place des protocoles sanitaires stricts. Et le public a répondu présent ». Aujourd’hui, il déplore que ces efforts ne soient pas récompensés. Et s’interroge : « N’y a-t-il pas moyen de considérer la culture comme essentielle à l’épanouissement des gens et de consentir à des dérogations pour se rendre à un spectacle ? »
Quoi qu’il en soit, la décision est prise. Comme ils l’ont déjà fait lors du premier confinement, « les acteurs des arts vivants s’adapteront, proposeront des innovations. C’est dans notre ADN ! » Quel que soit le mode de diffusion, la culture sera toujours accessible, même en période d’isolement. Car les tournages de films et les répétitions de spectacles sont toujours possibles. Seules les représentations devant un public sont désormais interdites. Eric Vanelle reste donc optimiste, autant que faire se peut, pour la fin de l’année.
C’est en 2021 que les choses vont se compliquer : « D’ici l’été prochain, les intermittents n’auront pas rempli les conditions pour débloquer leur droit au chômage puisque les représentations sont toutes annulées. Les salles de spectacle seront encore soumises aux jauges et ne pourront plus redresser leur bilan catastrophique. Et les compagnies d’arts vivants auront épuisé leurs fonds propres, sans potentielle nouvelle programmation. » Des perspectives redoutées, mais dont les conséquences peuvent encore être limitées « si des concertations ont lieu et qu’elles sont menées avant d’arriver à un point de non-retour », estime Eric Vanelle.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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