Après une longue tournée américaine où elle a confirmé son statut de pépite mondiale de l’électro, l’artiste toulousaine CloZee est de retour chez elle pour présenter son nouvel album, ce vendredi 30 novembre, au Rex.
© Lionel PesquéDe son propre aveu, CloZee est encore loin d’être prophète en son pays. C’est aux États-Unis, où elle passe cinq mois par an et où elle vient tout juste d’enchaîner une série de 24 shows, tous complets, que son indéniable talent est le plus reconnu. D’abord une question de style : « Ce n’est pas évident de m’affilier à un artiste français en particulier alors qu’en Amérique du Nord, nous sommes plus nombreux à évoluer dans le même univers », plaide la jeune femme née à Toulouse. Mais aussi de culture : « En Europe, nous aimons bien mettre les gens dans des cases et moi, je ne rentre dans aucune ». Dansantes ou contemplatives, harmonieuses ou plus brutales, les créations de CloZee cultivent en effet l’art de dérouter.
Parmi les innombrables branches de l’électro, les différents genres et autres niches aux noms qui ne veulent parfois plus rien dire, CloZee trace son propre sillon sans sourciller. « Moi-même, je ne sais pas comment définir mes productions. La ”bass music” est un terme assez générique dans lequel je me retrouve et que j’aime bien mixer avec des musiques du monde. Donc on peut dire que c’est de la ”world bass music” », s’amuse-t-elle.
En fait, c’est en parlant d’émotions que Chloé Herry, de son vrai nom, est plus à l’aise pour décrire son univers. Si tout le monde a en tête des chansons qui correspondent à un moment précis ou une période de sa vie, chez CloZee, le phénomène est en quelque sorte inversé. « Mes compositions sont issues de mes souvenirs. Je me remémore des expériences vécues et j’essaye de raconter cette histoire en musique. Le fait que mes morceaux soient en grande partie instrumentaux est très important. J’ai envie que l’on se concentre sur l’ambiance et que chacun puisse l’interpréter à sa façon », explique-t-elle.
« J’aime les sonorités qui me font penser à la terre »
Pari gagné. La force de CloZee est de faire oublier à son auditeur qu’il écoute de la musique électronique. Pour tirer des sentiments de ses machines, la productrice a un secret. Avant de passer des heures à apprendre à maîtriser un logiciel de musique assistée par ordinateur (Mao), c’est à la guitare classique, démarrée à 11 ans, qu’elle a façonné ses premières mélodies. « À un moment, j’ai eu envie de les immortaliser et d’y ajouter des couches supplémentaires. Je me suis donc mise à bidouiller en pure autodidacte. Pendant quatre ans, ça ne sonnait pas terriblement mais aujourd’hui, je compose directement à l’ordinateur avant d’y joindre la guitare », décrypte-t-elle.
Autres ingrédients à l’origine de l’aspect organique dégagé par ses compositions : les instruments traditionnels du monde, de l’Asie notamment ou du Mali : « J’aime ce qui me fait penser à la terre. Ces sonorités ont une identité forte, c’est ce que je recherche ». Sur son chemin, l’insatiable voyageuse fait donc étape à Toulouse, là où tout a commencé. La première date en France depuis la sortie de son album “Évasion”. Mais également un premier vrai live à la maison, histoire de lever, ici aussi, l’enthousiasme qu’elle suscite de l’autre côté de l’Atlantique.
C’est une question qui revient souvent : qu’y a-t-il à voir dans un concert de musique électronique ? « J’aimerais avoir le budget pour jouer avec des musiciens en live. Du coup, j’essaye de quitter mes machines de temps en temps au profit de la guitare », raconte CloZee. Sur scène, elle est aussi accompagnée de danseuses.
Commentaires