Caroline Galmot est directrice du festival MIMA de marionnette actuelle, qui se déroulera à Mirepoix et dans le Pays d’Olmes, en Ariège, du jeudi 5 au dimanche 8 août 2021. Elle nous propose un tour d’horizon des spectacles qui seront donnés, pour découvrir ensemble les spécificités de l’univers de la marionnette telle qu’elle se joue de nos jours.
Le Journal Toulousain : Comment se présente cette 33e édition du festival MIMA ?
Caroline Galmot. Cette édition est particulière, au vu de la crise sanitaire, et nous avons souhaité continuer à accompagner les compagnies que nous avions du annuler l’an dernier. Il est important pour nous de soutenir les créations régionales, et une thématique due au contexte a émergé. En effet, les artistes que nous recevons pensent le monde de demain et le rapport de l’homme avec la nature. Ce thème se trouve en filigrane tout au long du festival, traité par différentes compagnies.
Pouvez-vous nous donner un avant-goût des spectacles du festival ?
C.G. Nous proposons de nouvelles créations au croisement de différentes disciplines, pour ouvrir et interroger les limites des genres, avec le cirque par exemple, où la
marionnette est matière de mise en scène. Nous accueillons de toutes jeunes compagnies, avec le premier spectacle de la compagnie Les hommes sensibles, qui s’intitule “Bateau” et interroge la question du genre de manière ludique et drôle. La création “Vrai” de la compagnie Sacékripa est une rencontre entre la marionnette et le cirque. On est proche du domptage avec un animal domestique sur scène, on le vit en direct et c’est assez étonnant ! “Minimal circus” de la compagnie Zusvex pose un regard tendre et humoristique sur l’univers du cirque d’antan tandis que “Prise de terre” par la compagnie Le poisson soluble se positionne à la croisée entre le cirque et la matière, avec de la manipulation d’argile et des sculptures, pour interroger notre rapport à la terre de manière plutôt drôle et burlesque.
“Le roi des nuages est un magnifique spectacle avec trois manipulateurs, très tendre, avec une très belle mise en scène”
Souhaitez-vous mettre l’accent sur certains spectacles en particulier ?
En ouverture du festival, la Big Up compagnie, en provenance de Normandie, joue “L’imposture” sous-titré “Eloge aux gens qui doutent”. Dans ce one woman show, la marionnettiste traite notamment du sujet de l’obésité et de l’homosexualité, et offre des plans séquences de sa vie et de ses étapes de construction. C’est extrêmement drôle, avec un rythme cabaret, et une musique très pop des années 1980. Je peux également citer le spectacle “Le roi des nuages” de la compagnie Zusvex, qui vient de Bretagne. Cette oeuvre sur le thème la différence suit le parcours d’un garçon solitaire dans son quotidien, on rentre dans son monde à lui, dans sa solitude, pour se rendre compte qu’il s’agit d’un garçon extraordinaire et que chacun peut avoir sa place dans la société, avoir une vie sociale et des amis. C’est un magnifique spectacle avec trois manipulateurs, très tendre, avec une très belle mise en scène.
De quelle manière les spectacles traitent-ils d’écologie ?
La création “Sauvage ou les enfants du fleuve” de la compagnie L’hiver nu, de Lozère, est une épopée qui suit des enfants sur un fleuve après une tempête, et installe un rapport à la nature à partir du regard de l’enfant. Car il faut peut-être les écouter, leur faire confiance dans leur capacité à rendre le monde meilleur. C’est un très beau récit sur la pensée écologique à partir de l’univers de l’enfant, avec des marionnettes magnifiques, très bien construites. Je peux aussi évoquer la création ludique “Le dindon et le dodo” de la compagnie AMK, construit et mis en scène à partir d’un texte de l’écologiste Gilles Clément, qui sera notamment donné au jardin extraordinaire à Lieurac. Nous proposons aux spectateurs de visiter le jardin, dimanche 8 août.
“Réuvrir le festival est une nécessité pour les artistes, le public et le territoire”
Quel est votre état d’esprit avant le lancement du festival ?
Nous sommes très heureux de rouvrir le festival, et que cela puisse avoir lieu après deux ans d’arrêt à cause de la Covid. C’est une nécessité, pour les artistes, le public et le territoire. Un temps un peu à part, un moment de rassemblement, où l’on peut se côtoyer, échanger, dialoguer. C’est une dynamique particulière qui réunit artistes, public et bénévoles. Nous sommes confrontés à une situation paradoxale car, à cause du virus, nous sommes freinés dans nos rencontres. Nous tentons donc de nous adapter aux conditions sanitaires tout en défendant nos valeurs de liberté. Ce paradoxe n’est pas simple à gérer au quotidien ! Il me tarde que le festival commence et qu’on le vive pleinement.
Comment s’organise le contrôle sanitaire à l’entrée du festival et pour accéder aux spectacles ?
Pour les spectacles dans les grandes jauges au-dessus de 49 personnes, nous procéderons au contrôle du pass sanitaire qui sera obligatoire au niveau de la billetterie. Et un bracelet sera remis aux festivaliers qui présenteront un test PCR négatif ou un schéma vaccinal complet. C’est une entorse à nos valeurs mais nous espérons que ce sera accepté. Concernant le off, il se tient dans les conditions habituelles mais il faudra porter le masque et respecter les gestes barrières. Le public pourra retrouver de nombreux spectacles gratuits dans les villages, sans réservation, et autour de la Halle de Mirepoix des concerts gratuits sont programmés. Beaucoup d’animations sont prévues dans l’espace public, et cela draine du monde ; nous comptons ainsi sur le bon sens des participants. Sur 4 jours, le MIMA accueille en temps normal autour de 30 000 festivaliers. Cette année, nous avons autour de 6000 réservations déjà effectuées pour les spectacles payants.
Un travail artistique de recherche, de création, avec beaucoup d’innovations
Comment définiriez-vous l’art de la marionnette aujourd’hui ?
La marionnette a beaucoup évolué, elle dépasse le côté classique, traditionnel des marionnettes à gaine ou à fil. Beaucoup de spectacles incorporent du théâtre d’objet au cœur de leur dramaturgie et utilisent des techniques innovantes, parfois technologiques. Pour autant, cet art est toujours artisanal dans le sens où les artistes fabriquent leurs marionnettes dans leurs ateliers. Ils utilisent d’autres matériaux, comme de la mousse par exemple, avec des formes plus réalistes. Aujourd’hui, Le manipulateur est à vue, le comédien manipule et joue en même temps, il est au cœur du plateau, et devient un personnage à part entière. Une diversité de formes s’impose avec la marionnette costume ou la marionnette habitée, par exemple. Celles-ci soutiennent un récit raconté par l’objet et les comédiens, avec du clown, du théâtre gestuel, un rapport avec la danse, au mouvement, aux arts plastiques… Les artistes sont perpétuellement en recherche, explorent de nouveaux langages, de nouvelles manières de raconter.
Retrouvez la programmation et toutes les informations relatives à l’événement sur le site du festival MIMA de marionnette actuelle.
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