Il est un lieu bien connu des habitants de la Ville rose et pourtant fréquenté par des non-Toulousains : l’office de tourisme, aujourd’hui situé square Charles-de-Gaulle, dans… un donjon. Or, pas de trace de forteresse à l’horizon. Le JT tente d’en établir l’origine.
Ils ont fait le tour, ont pénétré les lieux, ont levé les yeux pour en contempler le sommet. Pourtant, Simon et Françoise, un couple de retraités venus visiter la Ville rose, ne s’expliquent pas ce qu’un donjon fabrique là. « J’ai bien compris que c’était l’office de tourisme mais pourquoi l’installer dans un tel bâtiment ? » s’interroge Françoise. « On suppose qu’il a servi à autre chose en d’autres temps », lance son mari, sans savoir vraiment de quoi il retourne.
« Peut-être est-il le vestige d’une forteresse qui aurait été détruite et dont il ne resterait que le donjon ? », se hasarde Clothilde, jeune Strasbourgeoise en vacances. Un plan de Toulouse et des prospectus de tourisme à la main, elle y cherche la réponse… en vain. « Non mais c’est sûr, c’est ça. Une telle tour est forcément une partie d’un château où quelque chose comme ça », essaie-t-elle de se convaincre. Nous suivons donc cette piste.
Il était une fois, en des temps reculés, une princesse, retenue secrètement en haut d’un donjon… « Stop ! » s’exclame Meritxell Baldello, responsable du service réceptif qui regroupe les conférenciers chargés des visites guidées de la ville. Il n’y a jamais eu de princesse, ni de château, pas plus que de dragons ou d’autres fantasmes moyen-ageux.
Meritxell Baldello a tôt fait de nous ramener à la réalité. Elle reprend. Il était une fois, « Au XVIe siècle, en des temps mouvementés où nous étions en guerre contre l’Espagne, des Capitouls, régisseurs de la ville, craignaient pour la sécurité de la cité. Il fallait protéger des assaillants les documents officiels garants de toute la gestion de Toulouse, des assaillants », raconte-t-elle.
C’est ainsi qu’il est décidé de bâtir un édifice pour garder ces archives. Une tour, que les Capitouls ont voulu défensive, est donc construite. Mâchicoulis, créneaux, remparts, rien ne manque à la panoplie complète du château fort. Excepté… le château fort. « Mais il y avait quand même un trésor, caché dans cette tour ! » s’exclame la conférencière. Un coffre à huit serrures dont chacun des huit Capitouls détenait une clé, qui renfermait les deniers de la ville.
Au XIXe siècle, l’édifice, laissé vacant après la fin du règne des Capitouls et menaçant de s’écrouler, est restauré par l’illustre architecte Viollet-Le-Duc. C’est ce dernier qui ajoute à la tour, son toit d’ardoises encore visible aujourd’hui. La population en profite pour la rebaptiser “Donjon du Capitole”. Donjon dans lequel s’est niché, en 1948, l’office de tourisme. Il est actuellement le bâtiment toulousain accueillant le plus de touristes (400 000 par an)… alors qu’il n’est pas ouvert aux visites !
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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Commentaires
Roland Peccoud le 22/02/2025 à 18:08
Et Toulouse a-t-elle été envahie par les "hordes" ibériques ? La Tour a-t-elle été nécessaire ?