Le marché de l’occasion explose, tous domaines confondus. Et celui de la culture ne fait pas exception. Les librairies Gibert, pionnières dans l’achat et la vente de livres, disques et DVD d’occasion, témoignent de cet engouement pour la seconde main… Surtout à Noël.
78,6 % des Français ne se sentent pas offusqués de recevoir un cadeau d’occasion pour Noël, selon une étude de l’agence Diffusis. La seconde main n’est plus un gros mot, ni un tabou dans le secteur de la culture. Mieux, elle est maintenant recherchée : « Elle permet de personnaliser les achats, en optant pour une édition ancienne d’un livre, ou un vinyle collector », explique Sébastien Pressac, directeur du magasin Gibert à Toulouse.
Dans sa librairie, comme dans toutes celles de l’enseigne, soit 25 boutiques réparties dans 13 villes de France, l’occasion se pratique depuis longtemps. 140 ans précisément. « Ce marché fait partie de notre ADN. C’est par là que tout a commencé », précise Sébastien Pressac, qui rappelle l’histoire de Joseph Gibert, bouquiniste, ouvrant un premier magasin à Paris, spécialisé dans la vente de livres scolaires d’occasion.
Ainsi, depuis plusieurs années, les librairies Gibert ont pu observer un regain d’intérêt manifeste pour l’occasion. Dans la Ville rose, les ventes y atteignent 30 % du chiffre d’affaires durant toute l’année. Et pour Noël, elles augmentent encore de 25 %. « C’est une tendance que nous constatons depuis cinq ans », témoigne Sébastien Pressac. Toutefois, le directeur de la librairie toulousaine précise, qu’un cadeau d’occasion ne signifie pas forcément ‘’en mauvais état’’ : « Tous nos produits de seconde main sont vérifiés à l’achat, comme à la revente. Notre contrôle qualité est drastique. »
Ainsi, près de 100 000 références d’occasion se trouvent dans les rayons de la boutique. Sur les étagères, le client peut trouver la version neuve ou celle ayant déjà servi d’un même ouvrage. Et souvent, c’est le prix qui fait pencher pour le produit de seconde main. En effet, « pour le tarif d’un article neuf, vous pourrez en acheter trois d’occasion », lance Sébastien Pressac.
Le prix est l’une des motivations des acheteurs de seconde main. Mais il semblerait que la prise de conscience écologique soit également une raison prégnante pour sauter le pas. Quant aux articles d’occasion les plus vendus, il s’agit essentiellement des bandes dessinées et des mangas. « C’est une tendance qui s’est intensifiée après les différents confinements », constate Sébastien Pressac, qui analyse : « Durant leur isolement, les jeunes se sont mis à lire. Et ces formats leur sont particulièrement adaptés. N’ayant généralement pas un gros budget, ils se portent donc sur la seconde main. » De plus, les formats BD et mangas se consommant rapidement, il est alors plus intéressant de se les procurer d’occasion… Et de les revendre afin de pouvoir en acquérir de nouveau.
Mais si l’occasion était traditionnellement réservée aux jeunes et aux étudiants, ce n’est plus le cas. « Ce marché s’est réellement démocratisé. Aujourd’hui, il n’existe plus un profil type de clientèle pour ces produits. Tout le monde s’y met. D’autant que l’on trouve absolument tous les genres de livres », confie le libraire toulousain.
Pour Noël, cette année, la tendance sera donc aux mangas, aux BD, et aux comics plus généralement. Les versions illustrées des grands classiques sont également très recherchées comme celles de “1984” de George Orwell. « De véritables œuvres graphiques », juge Sébastien Pressac. Et pour inciter à l’achat de seconde main, la boutique Gibert de Toulouse concédera 10 % de réduction sur toutes ses références d’occasion, durant tout le mois le décembre.
Commentaires