CARICATURES. Assassiné lors de l’attentat contre “Charlie Hebdo” le 7 janvier 2015, le dessinateur de presse Tignous vit encore au travers de ses planches. Certaines d’entre elles sont d’ailleurs présentées au public à l’occasion d’une exposition itinérante à Toulouse.
c/kevin-figuier /JT« Tignous était humble, accessible, il adorait aller à la rencontre des gens, discuter avec eux », se rappelle Chloé Verlhac, son épouse. Et c’est ainsi que le Club de la presse, association de journalistes, a choisi de rendre hommage au caricaturiste, « pour garder l’état d’esprit du personnage », explique sa présidente Céline Cammarata. 42 dessins parus dans “Charlie Hebdo” et “Marianne” ont été choisis par sa femme pour être exposés dans un schoolbus anglais, floqué “Tignous, c’est la vie”.
« Pendant 10 jours, jusqu’au 11 février, le véhicule sillonnera Toulouse pour aller à la rencontre de la population, pour susciter le débat mais aussi pour rappeler l’importance de la défense de la liberté de la presse », précise Céline Cammarata. Déjà présentée à Montpellier, l’exposition a permis à 4 200 visiteurs d’entrer dans l’univers de Tignous, qui ne laisse pas indifférent.
Que les dessins plaisent ou pas, ils provoquent systématiquement des réactions, permettent d’aborder des sujets tabous. « Il détestait expliquer ses dessins et estimait que les gens y voyaient ce qu’ils voulaient », commente Chloé Verlhac, consciente que ces esquisses génèrent parfois l’interrogation. « Même s’il ne recherchait pas forcément le consensus, il n’était pas provocateur. En revanche, susciter le dialogue permet de comprendre que l’on peut vivre ensemble même si l’on n’est pas d’accord. Si l’on y parvient, nous aurons gagné ! » espère-t-elle.
Sur le thème du blasphème, les dessins exposés ont été sélectionnés par Chloé Verlhac elle-même. « C’est très subjectif. Ce sont ceux que je préfère, qui me font le plus rire », confie-t-elle, rappelant que l’humour est un des objectifs d’une caricature : « Avec la mort de Tignous et de ses collègues de “Charlie”, nous avons perdu beaucoup… mais nous ne leur laisserons pas notre humour ! » Et les réactions ne manquent d’ailleurs pas quand le bus s’arrête devant l’École régionale de la seconde chance de Bellefontaine, laissant monter une vingtaine de jeunes qui rapidement ne manquent pas d’échanger sur les dessins qu’ils observent. Nathalie Mader, présidente de l’établissement et conseillère régionale, en est ravie : « La Région s’est associée à cet événement pour cela. Expliquer à nos jeunes, que l’humour, la liberté d’expression mais aussi la laïcité et la tolérance, font partie du bien commun, d’un socle de valeurs. » De plus, « ne l’oublions pas, Tignous est un peu l’enfant du pays », comme le souligne l’élue, en référence aux racines du dessinateur au Grau-du-Roi. Il tient d’ailleurs son nom d’artiste de sa grand-mère qui l’appelait affectueusement “petite teigne” en occitan.
Infos pratiques :
Jusqu’au 4 février, Square Charles de Gaulle. Le 5 février, boulevard Roosevelt. Du 6 au 8 février, Place de l’Europe. Du 9 au 11 février, Boulevard Roosevelt. Exposition gratuite, ouverte de 10h à 17h30.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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