Basés à Toulouse, les locaux du collectif d’artistes Mix’Art Myrys, qui ne respectent pas les normes de sécurité pour accueillir du public, font l’objet d’une fermeture administrative. Les six salariés et la soixantaine d’artistes adhérents s’inquiètent pour leur avenir.
Quelle ne fut pas la surprise des membres de Mix’Art Myrys lorsqu’ils ont reçu, jeudi 14 janvier, la visite inopinée de la direction de la sécurité civile et des risques majeurs de Toulouse. La Commission communale estimant que le local du collectif d’artistes, situé rue Ferdinand Lassale, « était dangereux tant au quotidien pour les membres du collectif installés dans les locaux, que pour le public accueilli lors de spectacles (…) et pour les pompiers en cas de sinistre ». A ce titre, un arrêté de fermeture administrative a été pris, ce jeudi 21 janvier, interdisant l’accès à la structure. Dans la foulée, l’association a déposé une demande de délai supplémentaire pour présenter un projet de mise en sécurité du site. « Pourquoi s’occupe-t-on, aujourd’hui, en pleine période de restrictions sanitaires frappant très durement le secteur culturel, d’un problème de mise aux normes qui existe depuis plus de 15 ans ? » se demande Joël Lecussan, le coordinateur de Mix’Art Myrys.
Il plaide sa bonne volonté dans ce dossier. « Le collectif n’a eu de cesse d’être proposant, que ce soit en termes de convention le liant à la Métropole ou de travaux de mise en conformité du site », explique-t-il. Il rappelle notamment l’annonce faite par Toulouse Métropole et la Région Occitanie en 2019 d’un plan de réhabilitation de 4,4 millions d’euros, jamais mis en œuvre. Et dit constater « une évolution de la posture de nos édiles » vis-à-vis d’un certain nombre de « foyers de résistance » toulousains, citant la récente démolition de la guinguette Bleu-Bleu, l’expulsion imminente du Groupe Merci du pavillon Mazar ou celle du Dal 31 et de la fondation Abbé Pierre de leur local de l’hôpital La Grave. Autre signal négatif selon le responsable de Mix’Art Myrys : la dispersion qu’il qualifie de « coup de force », hier, par une trentaine de policiers, d’un rassemblement de soutien au collectif, non déclaré, qui se tenait derrière la bibliothèque José-Cabanis.
Avec un budget annuel d’environ 500 000 euros, financé pour un tiers par Toulouse Métropole, Mix’Art Myrys occupe un ancien hangar de 6 600 m². Y sont installés six salariés, dix associations et une soixantaine d’artistes qui produisent, chaque année, près de 200 projets de spectacle vivant, de vidéo ou de musique. Avec cette fermeture, « la Métropole mettrait tous ces gens à la rue, supprimerait la redistribution financière dont ils bénéficient, réduirait à néant l’économie de proximité que génère Mix’Art et priverait des centaines de milliers de personnes de vivre une expérience toute singulière autour du geste artistique », résume le collectif. Celui-ci avait été constitué, il y a plus d’un quart de siècle, à la suite de l’occupation des anciennes usines de chaussures Myrys, dans le quartier Saint-Cyprien, par un groupe d’artistes et de sans-abris.
Soutien indéfectible et « compagnon de longue date et de longue route », comme il se présente, le président du Tactikollectif Salah Amokrane ne peut pas « imaginer Toulouse sans Mix’Art ». « Il fait partie de son patrimoine, comme la basilique Saint-Sernin ! Les décideurs ne se rendent pas compte de l’importance de ce projet pour notre ville », lance-t-il. Membre de la Coordination nationale des lieux intermédiaire et indépendant, qui regroupe 250 affiliés, « il s’agit d’un mouvement peu médiatique mais très présent dans la société. On peut s’attendre à une levée de bouclier de nombreux acteurs culturels en France », prédit Joël Lecussan. Déjà, le sort du collectif toulousain suscite l’émoi sur les réseaux sociaux, « une réaction massive à laquelle nous ne nous attendions pas ».
Commentaires
MlC le 22/02/2025 à 19:34
Mieux que saint Sernin, Mix'Art est un lieu de transmission, d'éducation et de formation pour toutes et tous, une réelle pépinière culturelle. C'est là nn exemple d'autogestion et d'ouverture politique horizontale qui me semble être l'avant garde d'un monde futur espéré.
Une feministe.
yvonne quiete le 22/02/2025 à 09:21
Ce lieu mythique de notre ville devrait faire l'attention de Toulouse Métropole, je ne comprends pas pourquoi la sécurité des artistes dans un bâtiment mis à leur disposition, présente tant de danger au point de les empêcher d'y travailler.