MUSETTE. Alors qu’ils avaient longtemps déserté les bords de Garonne, ces lieux éphémères reviennent en force ces dernières années à Toulouse et dans les environs. Une offre aussi riche que variée traduisant un besoin grandissant de partage et de convivialité.
Par Nicolas Mathé
C’est un mot qui fleure bon le passé et il n’a pourtant jamais été autant d’actualité. Depuis quelque temps, quand l’été pointe le bout de son nez à Toulouse, le terme guinguette refleurit un peu partout. Après recensement non officiel, à Toulouse et dans l’agglomération, pas de moins de cinq établissements revendiquent cette appellation apparue à la fin du XIXe siècle en bord de Marne. Du côté de Lacroix-Falgarde, L’éphémère guinguette en est à sa sixième saison de concerts estivaux. Celle du quai de Tounis avec sa terrasse flottante, gérée par l’équipe de l’Envol, et celle de Saint-Cyprien, en haut des marches du jardin Raymond VI, tenue par les gérants de la boutique A m’en donné, ont, elles, ouvert leur porte pour la deuxième année consécutive. De son côté, après avoir testé le concept en 2014, le Casino Théâtre Barrière organise chaque année des soirées guinguettes tout au long de l’été dans le parc attenant à la structure. Enfin, dernier né de la série, La Centrale, nouvel établissement installé sur l’île du Ramier, qualifié par Jean-Pierre Rives, l’un des trois associés à la tête du projet, de « guinguette sans prétention ».
Étant donné la diversité des protagonistes, des ambiances et des services proposés, il semblerait que le terme englobe aujourd’hui un large éventail de propositions. Pourtant sur ce sujet, l’association Culture Guinguette, créée pour sauvegarder le patrimoine de bord de l’eau partout en France, est très vigilante. Elle recense les établissements et définit les critères à respecter : être au bord de l’eau, proposer une restauration ainsi qu’une programmation de musique vivante et de bals. Pas certain que tout le monde applique la charte à la lettre, mais une chose est sûre, le terme est à la mode.
« Les gens se retrouvent sur la piste de danse et le temps s’arrête »
Un retour en force symbole d’une forme de nostalgie d’une époque révolue ? Olivier Cahuzac, directeur marketing et commercial au Casino Barrière, évoque plutôt des envies de partage et d’échange : « nous voulions faire découvrir notre magnifique parc au grand public et la notion de guinguette s’est imposée naturellement. Il y a bien sûr un besoin de renouer avec des émotions et des valeurs d’une certaine époque mais comme ça peut être le cas avec le disco ou le rock des années 60. Lors de ces soirées, les gens se retrouvent sur la piste de danse et le temps s’arrête ». Preuve du succès, le casino a doublé cette année le nombre de sessions animées par Sandrine Tarayre, spécialiste reconnue dans le style musette, et pousse le concept jusqu’au bout avec un décorum digne de l’image d’Épinal (guirlandes, nappes vichy…). À Lacroix Falgarde, L’éphémère guinguette est le fruit d’une bande d’amis qui rêvait de transformer un petit coin de verdure en un lieu convivial où venir boire un verre de blanc et danser sous les lampions en famille, en amoureux ou entre amis. Et à voir le nombre de bambins squattant le dancefloor, on comprend ici que le côté intergénérationnel est aussi l’un des principaux attraits de ce genre de festivités. Les guinguettes ont beau être éphémères, elles sont intemporelles.
Infos pratiques
Dernières soirées guinguettes au Casino Théâtre Barrière : 18 et 19 août de 21 h à minuit, 5 euros l’entrée. 18 chemin de la Loge, 05 61 33 37 77.
Fin de saison à l’Ephémère Guinguette.
Après une pause de près d’un mois au cœur de l’été, la musique reprend ses droits en bords d’Ariège dès demain 19 août avec le Trio Vacano (cumbia). Parmi les concerts à venir d’ici le 3 septembre, date de fin de saison, quelques beaux noms à noter, des artistes locaux reconnus comme Lou Davi (ragga dub occitan) ou Julian Babou (musique réunionnaise).
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