A l’occasion de la réouverture progressive de certains commerces, lieux culturels et salles de spectacle, le 19 mai 2021, la violoncelliste Louise Grévin livre au Journal Toulousain son message de déconfinement et une improvisation spécialement dédiée à l’événement, avec la chanteuse Caroline Champy.
Découvrez l’improvisation de la violoncelliste Louise Grévin avec la chanteuse Caroline Champy, sur une bass line extraite de l’Aria di Chiesa d’Alessandro Stradella:
https://youtu.be/hjJL2VsT5u4
“Quel bonheur ce mardi matin (18 mai 2021), en traversant la place du Capitole: pléthore de tables fraîchement lavées, chaises en rotin et autre mobilier de terrasse d’été réinstallés en prévision de demain! Demain, mercredi 19 mai, l’ouverture des terrasses et restaurants tant attendue par les Toulousains et tous les Français.
Ce spectacle festif, coloré par l’installation d’un magnifique massif de fleurs sur la croix occitane centrale, m’a gonflé le coeur d’allégresse. J’ai senti dans l’air un goût de liberté, d’été, d’insouciance, comme un parfum d’enfance… La promesse de la fin d’une période si étrange, si difficile, si noire pour tant d’entre nous”.
“Nous avons tous été affectés différemment par les décisions gouvernementales (et que l’arrivée du printemps ne nous leurre pas, nous n’en sommes pas encore sortis!), et les contrastes de traitement entre les différents secteurs d’activités ont meurtri (le mot est faible) bien des gens. En tant qu’artiste musicienne, cette privation et le message qui venait avec (#nonessentiel) m’ont frappée en plein coeur, altérant le sens de mon identité même. On s’adapte, on survit, on est résilients, certes. Mais ce n’est pas donné de comprendre ce que cet arrêt prolongé, forcé, vide de sens peut avoir eu comme impact, durable, sur notre secteur d’activité. Il a fallu de la force pour rester debout, se réinventer, trouver des sources de revenus improbables, déborder des statuts (ah, tu es prof d’anglais maintenant?), ne jamais s’arrêter! Mais il y a des salles, des festivals, des artistes qui ne se relèveront plus”.
A l’occasion du déconfinement culturel, la violoncelliste toulousaine Louise Grévin veut rester positive:
“Non-essentiels nous fûmes, non-essentiels nous resterons. Il est difficile de contredire la logique implacable du “entre manger et écouter de la musique, le choix est fait” sans paraître déconnecté du monde et de ses réalités… Et pourtant. Je crois que l’art sous toutes ses formes, la recherche de vérité qui s’y rattache, l’exigence, le dépassement de soi, la poursuite d’un idéal, ces valeurs font bien partie de notre nature, nous ont sauvés et nous sauveront davantage qu’un plein d’essence ne le fera jamais”.
“Mais pas d’amertume! Juste la joie que bientôt je ressentirai en entendant les planches de la scène craquer sous mes pas. M’asseyant à mon pupitre, je m’apprêterai à partager à nouveau ce qui à mes yeux est la part la plus belle de notre humanité. L’art et les artistes peuvent reprendre leur juste place. À moins que bientôt peut-être, l’on nous dise à nouveau de nous taire…”
Retrouvez les messages de déconfinement d’artistes toulousains, à l’occasion du 19 mai 2021.
Laetitia Soula
Journaliste de presse écrite depuis plus de dix ans, Laëtitia Soula est rédactrice et photo-reporter. Polyvalente print et web, elle a également oeuvré comme secrétaire de rédaction et relations presse. Elle a travaillé pour divers titres de presse locale et collectivités territoriales (presse institutionnelle) à Paris, Marseille, en Bretagne, en Auvergne et dans le sud-ouest, avant de poser ses valises à Toulouse.
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