L’épargne solidaire affiche un nouveau record en 2017 en atteignant 11 milliards d’euros d’encours en France. Une dynamique forte que la coopérative de financement régionale IéS a célébré, en même temps que ses 20 ans d’existence.
©Hélène RessayresAvec près de 269 000 euros collectés en 2017,près de trois fois plus que l’année précédente, la coopérative régionale de financement solidaire IéS (Initiatives pour une économie solidaire) vient d’enregistrer le montant le plus important d’épargne jamais atteint. Issues à 84 % de particuliers, notamment de l’épargne salariale, ces sommes ont permis le financement de dix projets à hauteur de plus de 230 000 euros. « En réalité, il s’agit-là d’une baisse de nos investissements par rapport à 2016. Cela s’explique par des facteurs extérieurs car les dossiers de demande de financements arrivent toujours par centaines, mais seuls 13 % d’entre eux parviennent au bout du processus d’instruction, souvent parce les projets ne sont pas assez solides », précise Éric Jourdain, président d’IéS.
Toutefois, de manière lissée, l’épargne et les investissements dans la région sont en constante augmentation depuis 20 ans. « 70 % des projets que nous avons soutenus depuis notre création sont aujourd’hui pérennes », indique-t-il. Un bilan satisfaisant qu’il justifie par un besoin, de plus en plus prégnant depuis la crise bancaire et financière de 2008, de se tourner vers des mécanismes différents de l’économie classique et de donner un sens à l’économie. Pour garantir cette dernière volonté, IéS a mis en place des critères stricts auxquels doivent répondre les projets pour prétendre à un financement solidaire : la création d’emplois non délocalisables, l’utilité sociale ou environnementale, une gouvernance partagée et une innovation technique ou sociale avérée.
Pour répondre à cette demande émanant tant des épargnants que des porteurs de projets, le monde de l’économie solidaire a ouvert ses champs de prédilection : « Au départ, il y a 20 ans, nous financions essentiellement des entreprises de restauration. Puis, quelques années plus tard, nous avons élargi à l’alimentation en général. Nous avons ensuite investi dans le bien-vivre comme des librairies ou des sociétés d’insertion, pour finalement capter tout type d’activités », témoigne Eric Jourdain.
Une stratégie payante puisque, appliquée à l’échelle nationale, elle a permis de convaincre 87 % de nouveaux souscripteurs par rapport à 2016 qui ont injecté 1,8 milliard d’euros supplémentaires dans la finance solidaire selon le 16e baromètre de la finance solidaire publié par l’association Finansol et La Croix. Concrètement, ces encours ont financé la création ou consolidation de 45 000 emplois, le relogement de 3 700 personnes, l’approvisionnement en électricité renouvelable de 36 000 foyers et le soutien de plus de 80 acteurs du développement économique des pays en développement. « 2017 a été l’année d’un alignement favorable des planètes dont a directement profité la finance solidaire », confiait à La Croix Frédéric Fourrier, responsable de l’observatoire de Finansol.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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