3378 postes devraient être supprimés, chez Airbus, à Toulouse. C’est la plus grosse suppression de postes jamais actée au sein du groupe qui emploie, dans sa filière aviation civile, près de 25 000 personnes dans la ville rose.
C’est un coup dur pour la Ville rose. Ce jeudi 2 juillet, Airbus a confirmé la suppression de 3 378 postes à Toulouse. Une mesure qui intervient dans le cadre du plan de restructuration le plus massif jamais mis en place par l’avionneur européen. La veille, le groupe avait ainsi annoncé 15 000 suppressions d’emplois, dont 5 000 en France au cours d’un Conseil économique social européen. À titre de comparaison, le précédent plan de 2007, baptisé ‘’Power 8’’, avait touché 10 000 salariés en Europe. Une mesure particulièrement drastique dont l’impact local a été détaillé, aujourd’hui, lors du Comité de groupe France d’Airbus qui s’est réuni à Toulouse.
Ce seront donc 980 emplois de cadres au siège de la société et 2 398 chez les compagnons dans les usines qui devraient disparaître à Toulouse. De même, les filiales Stelia Aerospace et ATR supprimeront respectivement 36 et 186 postes. Et cela, malgré les différents plans de soutien à la filière mis en place par les collectivités locales et par l’État. Ce dernier a annoncé une aide de près de 15 milliards d’euros, quand la région Occitanie défend le plan Ader.
« Il y a un hiatus entre ces mobilisations et la réaction de l’entreprise », regrette Michel Molesin, coordinateur CGT pour le groupe Airbus. Pour lui, la crise sanitaire et ses conséquences économiques représentent un effet d’aubaine pour les dirigeants des grandes sociétés : « Ils profitent de cette crise pour s’attaquer aux acquis des travailleurs ».
Le détail de cette réduction des effectifs a donc raisonné comme un coup de tonnerre, pour des salariés qui ont du mal à comprendre cette décision. « C’est une stratégie à court terme qui met en péril la sauvegarde des savoir-faire sur notre territoire. En licenciant, nous prenons le risque de ne plus être capables de répondre à la demande au moment de la reprise. Il faudra alors délocaliser des opérations que nous pouvions faire chez nous jusqu’à maintenant », regrette le représentant syndical.
Pour lui cette solution est donc aussi « dangereuse que précipitée ». « La direction souhaite aller vite et boucler la procédure sociale d’ici la fin du mois d’octobre pour avoir allégé la masse salariale en milieu d’année 2021. Mais nous n’avons pas le recul nécessaire pour juger des effets des différents plans de soutien et de la manière dont va se dérouler la reprise. Par ailleurs, nous avons toujours 7 600 avions à construire. Ce qui représente un carnet de commandes de 8 à 10 ans et nous donne un peu de temps pour analyser la situation », rappelle Michel Molesin.
Celui-ci est convaincu que de meilleures solutions sont envisageables pour alléger la masse salariale sans toucher aux effectifs. « Il est possible de recourir à l’activité partielle, à la baisse du temps de travail ou, enfin, de favoriser les départs en retraites anticipées et de les remplacer par des embauches de jeunes aux rémunérations moindres. Cela permettrait d’avoir des débouchés sur le marché de l’emploi pour la nouvelle génération et de monter en compétences. » Son syndicat, la CGT, appelle d’ailleurs à une mobilisation de l’ensemble de la filière, ce jeudi 9 juillet, pour défendre ces alternatives.
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