La Banque de France et la Chambre de commerce et d’industrie d’Occitanie ont dressé le bilan 2020 de la conjoncture économique régionale et semblent optimistes. Les deux organismes nuancent tout de même leurs propos en faisant état de pertes que rien ne pourra compenser.
« Notre économie nationale fait preuve d’une incroyable résilience », constate Stéphane Latouche, directeur régional de la Banque de France. Il dressait, ce jeudi 25 mars, un bilan de l’année 2020 et avançait des perspectives optimistes pour 2021, au côté d’Alain Di Crescenzo, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Occitanie. Selon les indicateurs, l’activité économique en France aurait même atteint 95% de sa capacité normale depuis juillet dernier, « les 5% restant étant attribuable au secteur de l’hôtellerie-restauration, fermé administrativement, et à l’aéronautique ».
En Occitanie, le choc aura été violent, l’économie régionale dépendant grandement des secteurs les plus touchés, à savoir l’hôtellerie-restauration et l’aéronautique. « Jusqu’en 2019, la région était la plus dynamique en terme de création d’emplois. Aujourd’hui, elle est la plus impactée par la crise et se classe au dernier rang en la matière », remarque Stéphane Latouche. Un constat qu’il attribue essentiellement à la mauvaise santé des deux secteurs précités. « Puisque les autres se portent plutôt bien maintenant, selon une enquête de la Banque de France : le bâtiment ayant retrouvé 97% de son activité, l’industrie 84% et les services 85% », précise-t-il.
Tout l’enjeu est désormais de parvenir à se passer de l’argent public pour fonctionner. Car, comme le note Stéphane Latouche, le Prêt garanti par l’État (PGE) ne sera pas reconduit après le 30 juin prochain, et le risque de voir augmenter les taux d’intérêt ainsi que les exigences de garanties restent plus que probable.
Un enjeu d’autant plus important que les feux semblent majoritairement au vert pour présupposer d’une reprise économique cette année. « Car, même s’il n’est pas prévu d’embauches en 2021, même si les chiffres d’affaires et les marges ne se redressent pas, l’activité de tous les secteurs est à la hausse », observe Alain Di Crescenzo. Cependant, la pente sera plus difficile à remonter pour certains.
L’industrie, de manière générale, qui a perdu 14% de son chiffre d’affaires en 2020, retrouvera une croissance de 4,6% cette année, selon les prévisions de la CCI Occitanie. En revanche, la filière ne programmera pas d’embauches. Ayant beaucoup fait appel au PGE, les entreprises industrielles ont passé le cap, mais elles ne doivent pas oublier qu’il s’agit-là d’une dette, qui les obligera à limiter les investissements, notamment dans l’emploi.
Les secteurs de la construction et des services ont relativement bien tenu le coup. Enregistrant respectivement une chute limitée de leur chiffre d’affaires en 2020 de 6,3% et 8,3%. De plus, la confiance en l’avenir des chefs d’entreprises semble moins atteinte dans cette filière que dans d’autres, selon la CCI Occitanie. Et pour cause : « Les sociétés du bâtiment disposent de carnets de commandes plus fournis. Et celles évoluant dans le domaine des services anticipent une croissance de 5,3% en 2021 », précise Alain Di Crescenzo.
La belle surprise vient du commerce, contrairement aux apparences. « Le secteur n’a finalement perdu que 4,7% de son CA et, est même parvenu à embaucher (+0,8%). Des recrutements qui devraient se poursuivre en 2021 », se réjouit le président de la CCI Occitanie. Mais attention, il convient de préciser que cette statistique est une moyenne. Elle est donc composée d’entreprises du commerce dit “essentiel”, qui ont bien tiré leur épingle du jeu, et du “non-essentiel”, qui se trouvent encore en grande difficulté.
Adversité partagée par le secteur de l’hôtellerie-restauration qui a perdu 35% de son chiffre d’affaires en 2020, et 13% de ses effectifs. « C’est la catastrophe », lance Alain Di Crescenzo, qui estime que « beaucoup d’entreprises de la filière risque fortement de mourir. Rendez-vous compte : 78% d’entre elles enregistrent des pertes, dont 71% de plus de 30%. C’est du jamais vu ! »
Une année 2020 qui restera dans les annales. « Rien ne pourra compenser les pertes dues au Covid-19 », se lamente Alain Di Crescenzo. Ce dernier prévoyant « une reprise réelle dans deux ans pour le commerce et les services, dans trois à cinq ans pour l’industrie… », et qui n’ose pas s’avancer pour le secteur de l’hôtellerie-restauration. En revanche, il précise que ces perspectives ne seront envisageables que si 50% de la population est vaccinée contre le coronavirus d’ici cet été. Et ce n’est pas la seule condition que pose le président de la CCI. Il évoque également le maintien des aides, tant que le taux de vaccination qu’il préconise n’est pas atteint, et l’accélération des plans de relance.
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