Équilibre. Bien que cas isolé pour le moment, la décision d’Intel de rapatrier ses activités montpelliéraines vers Toulouse ravive les craintes d’une grande région concentrée vers la Ville rose. L’accord signé récemment entre les deux métropoles doit contribuer à limiter la compétition qu’elles se livrent.
«Le dépeçage continue». Ainsi titrait récemment le média satirique montpelliérain L’Agglorieuse au moment d’évoquer les projets d’Intel. Le géant américain prévoit en effet de fermer son site ouvert en 2011 dans la cité héraultaise pour concentrer sa R&D à Toulouse où il emploie 500 personnes. De quoi raviver des craintes languedociennes de voir la Ville rose phagocyter les services de l’État et l’activité économique de la grande région. Cette décision du leader mondial des semi-conducteurs relève pourtant d’une rationalisation interne et n’a pas été dictée par l’articulation du nouveau territoire, assure-t-on des deux côtés de LRMP. Aucun autre déménagement du genre ne semble par ailleurs dans les cartons. Il n’empêche. Peu de voix souhaitent s’exprimer sur le sujet sensible des mouvements d’entreprises.
Seul François Chollet, mandaté par Jean-Luc Moudenc pour veiller aux bonnes relations entre les deux métropoles, a accepté de prendre la parole. Et l’adjoint au maire de Toulouse s’est surtout attaché à calmer les inquiétudes : « Est-ce que l’attractivité de Toulouse est supérieure à celle de Montpellier du fait qu’elle est la capitale ? Est-ce que l’on va assister à des mouvements massifs d’entreprises ? Ce n’est pas mon sentiment. Chaque écosystème possède ses qualités et ses limites, celui de Montpellier n’est pas en retard. Les services de l’État ont été répartis à parité et Languedoc-Roussillon a par exemple hérité du siège de l’Agence régionale de santé qui va créer une dynamique pour les acteurs du secteur. On voit également que les CCI et que les pôles de compétitivité, qui sont le creuset de l’innovation et un élément fort d’attractivité, se parlent. »
« En aucun cas, il n’y aura de dumping ou d’initiative prise contre l’autre »
L’élu met aussi en avant l’accord-cadre de partenariat conclu fin janvier par les deux métropoles. Un texte «de respect mutuel» qui souligne le besoin de parler d’une voix commune au nouveau conseil régional et à l’État, ou encore la nécessité d’impulser des dynamiques et de grands projets favorables aux deux territoires. «Toulouse aurait pu adopter une position plus arrogante compte tenu de son statut, mais à l’inverse, la volonté a été d’instaurer un climat de confiance réciproque», appuie François Chollet.
En revanche, concède l’élu, cette convention «ne vise pas à réguler le flux des entreprises, qui sont libres de leurs décisions». «Il ne faut pas non plus faire preuve de naïveté. Il y aura des sujets de compétition et chaque élu défendra sa ville. Mais en aucun cas, il n’y aura de dumping ou d’initiative prise contre l’autre», reprend-il. En somme, l’Entente cordiale version LRMP. Un passage mouvementé, mais obligé à l’heure de la grande région et d’une «compétition économique européenne et mondiale exacerbée», comme le souligne justement l’accord-cadre.
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