Après une année 2019 au bilan économique particulièrement favorable, la France en général et la Haute-Garonne en particulier sont confrontés à une crise sans précédent depuis 1945. Bilan local de l’impact économique du confinement.
Economie. La crise sanitaire touche durement les entreprises © Nmedia-FotoliaL’année 2020 était prometteuse. En effet, 2019 s’était achevée sur un bilan particulièrement positif avec des chefs d’entreprises plutôt optimistes. En Haute-Garonne, ceux-ci avaient constaté une augmentation de 4,2 % de leur chiffre d’affaire (CA) et une hausse des créations d’emplois de 3,1 %. Avec des perspectives de 2,6 points de croissance pour l’exercice à venir, les voyants étaient au vert. C’était sans compter sur la pire crise économique depuis 1945. « C’est un choc extrêmement sévère, avec un impact immédiat et une ampleur extraordinaire », s’alarme Philippe Robardey, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse Haute-Garonne.
Depuis le début du confinement, l’activité nationale a ainsi chuté de 32 % et un salarié sur quatre est déclaré en chômage partiel. Avec des secteurs comme l’industrie qui enregistre une baisse de son activité de 48 %, la construction (- 75 %), le commerce, le tourisme et la restauration (- 65 %) particulièrement touchés. « Chaque mois de confinement coûte à la France trois points de produit intérieur brut (PIB) et deux points de déficit budgétaire », détaille Stéphane Latouche, directeur régional de la Banque de France en Occitanie.
Un contexte auquel n’échappent évidemment pas l’Occitanie et la Haute-Garonne. « Trois quarts des entreprises ont constaté une baisse de leur CA, alors que le confinement n’a concerné que deux semaines sur l’ensemble du premier trimestre. Et cette situation risque de s’aggraver au deuxième trimestre où cette mesure pèsera davantage », avertit Pascal Robert, chargé de mission économie à la Banque de France Occitanie. Aujourd’hui, les estimations tablent sur un CA réduit au moins de moitié pour 56 % des entreprises. Une structure sur quatre déclare même des pertes supérieures à trois quart de son CA et une sur dix est privée de l’intégralité de ses recettes.
La contraction de l’activité due au confinement met déjà en péril de nombreuses structures. Le mercredi 8 avril, 46 % des entreprises en Haute-Garonne déclaraient ainsi être confrontées à des difficultés financières, contre 20 % habituellement. Une statistique qui pourrait grimper jusqu’à 72 % dans les trois mois à venir. Des difficultés qui touchent en premier lieu les entreprises de moins de 49 salariés dont la trésorerie et la visibilité du carnet de commandes est plus limitée que les grandes sociétés. Ces dernières, loin d’être épargnées, voient seulement l’impact de cette crise reporté sur le second semestre.
Avec le tourisme et l’industrie aéronautique comptant significativement dans son économie, la Haute-Garonne est soumise à une double incertitude. La durée de la crise, d’une part, et l’impact de celle-ci sur le transport aérien. Les compagnies aériennes ayant déjà évalué leur pertes à près de 250 milliards de dollars, il est très difficile de préjuger de leur capacité à rebondir. Toutefois, certains secteurs ont déjà pu relancer leur activité de façon très progressive. Ainsi, après cinq jours d’interruption totale, Airbus a pu redémarrer ses chaînes de production en mode dégradé.
Localement, ce sont donc 51 % des entreprises qui déclarent avoir sollicité un recours aux mesures d’accompagnement des pouvoirs publics. Un phénomène qui devrait s’amplifier avec la généralisation des dispositifs de soutien. Ainsi, 63 % des chefs d’entreprises du département envisagent d’avoir recours à l’activité partielle et un peu plus de la moitié d’entre eux se déclarent inquiets ou pessimistes quand à l’avenir. Alors que, trois mois plus tôt, 84 % d’entre eux abordaient l’année dans un climat de confiance.
Une situation critique, donc, qui justifie des mesures exceptionnelles. 45 Milliards d’euros ont d’ores et déjà été engagés par l’État pour soutenir les entreprises et 2 900 milliards d’euros ont été mis à disposition du système bancaire par l’Union européenne pour alimenter des crédits à taux très bas. « Les chefs d’entreprises doivent, dès maintenant, évaluer leurs besoins de financement et activer tous les leviers mis à leur disposition. Mais surtout, il est impératif qu’ils maintiennent le crédit inter-entreprises et qu’ils continuent de payer leurs charges comme leurs fournisseurs. Sinon, c’est tout le château de carte qui va s’effondrer », met en garde Philippe Latouche.
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