Pour Alain Di Crescenzo, le président de la Chambre de commerce et d’industrie en Occitanie, les plans de relance et de soutien à l’économie ont sauvé l’économie française de la catastrophe en 2020. Toutefois, il alerte sur le risque de « gâcher les milliards investis en 2020 » et de faire peser une dette trop importante sur les générations futures.
En Occitanie, le chômage a augmenté de 0,4 points pour atteindre les 10,5 % sur l’année 2020. Soit 22 000 emplois perdus. Une valeur légèrement supérieure à la situation nationale (9%), mais qui suit les mêmes tendances. « Nous n’avons pas décroché par rapport au reste du pays. En 2020, on prend un choc, mais on tient le coup », tempère Alain Di Crescenzo, le président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) en Occitanie qui souligne que le nombre de défaillances d’entreprises est resté au plus bas niveau observé depuis près de trente ans.
Une donnée rassurante mais à relativiser. La fermeture provisoire des tribunaux de commerce, les dossiers en attente et la mise sous « perfusion » de l’économie laissent craindre un simple sursis économique. Pour Alain Di Crescenzo, lâcher les entreprises en 2021 consisterait à « gâcher les milliards investis en 2020 ».
Pour autant, Alain Di Crescenzo se félicite de l’action du gouvernement dont les multiples plans de sauvegarde de l’économie ont permis « d’amortir la crise ». Au moins provisoirement. « Le plan de soutien mis en place a été incroyable. Presque magique. Il faut tirer un grand coup de chapeau à l’État qui a su répondre à une crise dont nous ne pensions pas qu’elle serait si profonde », se félicite le président de la chambre consulaire locale. Un travail de soutien largement relayé par la CCI qui a notamment mis en place des cellules de crise et un numéro d’appel gratuit et unique sur son territoire. Plus de 36 000 entreprises ont ainsi été accompagnées en Occitanie l’année dernière.
Celui-ci s’inquiète néanmoins de la fragilité structurelle d’acteurs économiques confrontés à une crise qui les touche de manière inégale. D’une part parce que certaines régions du monde ont connu une reprise de l’activité plus rapide et, d’autre part, parce que certains secteurs, comme le tourisme et l’aéronautique, sont encore freinés par les mesures sanitaires. Le trafic aérien, par exemple, pourrait ne pas retrouver ses niveaux d’avant crise avant 2024.
C’est pourquoi Alain Di Crescenzo enjoint le gouvernement à maintenir et à adapter, en 2021, les dispositifs d’aides. « Nous devons absolument corriger certaines opérations. On ne peut pas garder un Prêt garanti par l’État (PGE) remboursable sur 6 ans quand un cycle de production dans l’aéronautique se calcule sur 10 ans », donne-t-il à titre d’exemple. Il appelle également le gouvernement à revoir le plafonnement de certaines mesures et à soutenir la création d’entreprises, afin de ne pas mettre en danger le tissu entrepreneurial de demain.
Dans cette perspective, Alain Di Crescenzo insiste sur le rôle fondamental que peuvent jouer les chambres consulaires dans l’accompagnement local. « Il faut décentraliser la prise de décision et apporter de la flexibilité. Cela permettra de mener les opérations correctives au plus près du terrain avec beaucoup de réactivité », argumente-t-il.
Par ailleurs, le président de la chambre consulaire s’est dit inquiet du poids de toutes ces mesures sur les générations futures. « Nous avons amorti la crise mais, un jour, il faudra rembourser. Pour nos enfants et nos petits-enfants, il faut que l’addition soit le moins salée possible », a-t-il rappelé avant de suggérer une réflexion sur l’annulation de la dette. Notamment à destination de « certains pays qui ne pourront pas la supporter ».
En dernier lieu, le président de la CCI Occitanie, qui craint le fort impact économique que pourrait avoir un nouveau confinement généralisé, s’est dit favorable à l’instauration d’un passeport vaccinal. « Je ne vois pas d’autre élément que la généralisation de la vaccination pour se prémunir contre cette crise. Dans les lieux accueillant du public, le passeport permettrait de rassurer les consommateurs comme les professionnels », argumente-t-il. En effet, selon lui, un nouvel arrêt de l’économie mettrait à mal les perspectives de reprise et aurait pour conséquence une recrudescence des défaillances d’entreprise comme des licenciements.
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