Satisfaction. Le moment est venu de faire le bilan de la saison estivale. Didier Cujives, président du Comité départemental du tourisme (CDT), fait le point et observe une mutation dans le secteur. Il revient également sur la nouvelle politique du Département.
Didier Cujives, la saison estivale a-t-elle été à la hauteur des attentes des professionnels ?
Nous avons observé un très bel été dans le département, la météo aidant. La progression est de 5% approximativement. A l’inverse, Toulouse a un peu souffert comme toutes les grandes villes quand il fait très chaud. Pour preuve, la fréquentation du Muséum d’histoire naturelle qui a enregistré une baisse de 20% tandis que tous les sites extérieurs à Toulouse, liés à la pleine nature, ont fait le plein, comme le Village gaulois et les activités de montagne.
Le tourisme vert séduit alors toujours autant ?
La Haute-Garonne attire pour ses paysages, ses cours d’eau. Il s’agit d’un véritable engouement. Les randonnées à pieds, à cheval, en bicyclette sont des données nouvelles en plein développement. Le tourisme patrimonial et le balnéaire s’essoufflent face au tourisme vert. Nous vivons une véritable révolution autour des modes de déplacement doux. Et notre département a une carte à jouer.
Avez-vous observé des changements dans le mode de consommation des touristes ?
Les réservations low-cost de dernière minute sont de plus en plus fréquentes. Les facteurs météos et financiers en sont les principales explications. Si nous avons enregistré une progression en termes de réservations de 5%, le panier moyen baisse. Les séjours sont plus courts et la consommation est plus limitée. Si les touristes sont venus plus nombreux, ils ont moins dépensé.
Le tourisme estival est-il en mutation ?
Oui, les touristes recherchent de plus en plus des activités où ils peuvent être acteurs et ne se limitent plus à du tourisme patrimonial. Auparavant, on visitait un château, une église, un musée… il s’agissait d’un tourisme passif. Cet été, nous avons assisté à cette mutation où les vacanciers demandaient à faire du rafting, du parapente, du cyclo-tourisme, des randonnées ou à visiter certains sites mais de façon dynamique. Tel est le cas du site d’accrobranche Tépacap (+40%), d’Animaparc (+50%)… Nous observons maintenant un tourisme d’action en été, le tourisme patrimonial étant plutôt prisé pendant les arrières saisons.
Qu’en est-il du profil des touristes estivaux ?
Nous avons une très forte proportion de Toulousains qui bénéficient de l’offre touristique du reste du département, crise économique oblige. Ainsi, la moitié de nos touristes qui logent dans les gîtes ruraux, les locations meublées et l’hôtellerie de proximité viennent de la ville rose pour découvrir le patrimoine local. Grosso modo, 50% de la clientèle est issue de notre propre département, 35% sont des Français venus d’autres régions et 35% sont étrangers, essentiellement venus d’Espagne.
Et comment se profile le mois de septembre ?
Nous n’avons pas enregistré d’annulations significatives. Pour l’offre hôtelière toulousaine, c’est notamment le tourisme d’affaires qui se développe en septembre. En la matière, Toulouse reste une destination très prisée. D’ailleurs le CDT a la volonté de faire de la ville rose un acteur incontournable du tourisme d’affaires. Pour preuve, nous réfléchissons à ouvrir le Château de Laréole, propriété du Conseil départemental, à cet effet. Nous souhaitons en faire un lieu somptueux de rencontres professionnelles, de séminaires, à quelques minutes du pôle aéronautique toulousain.
Le tourisme est-il une des priorités pour les nouvelles équipes du Conseil départemental ?
Le tourisme est désormais une volonté prioritaire du président du Conseil départemental Georges Méric car il l’appréhende comme une source de développement économique et d’aménagement du territoire. Pourtant, il n’est pas si facile d’en assurer la promotion car la Haute-Garonne n’a pas naturellement d’identité touristique, sans doute parce que la géographie de notre département est particulière et parce que Toulouse concentre beaucoup d’intérêt. Nous avons pourtant une volonté de mettre en chantier une stratégie de développement touristique, d’équipements et de promotion cohérente et structurée.
Cette stratégie, quelle est-elle ?
Elle est basée autour de la thématique du tourisme doux et durable. Notre département s’est construit le long de la Garonne, le fleuve devient ainsi un élément structurant de ce que sera le tourisme de demain. L’aménagement de la Garonne est donc un axe déterminant de notre projet mais pas que… car la Haute-Garonne accueille également le Canal des deux mers. Ainsi, quand on parle de tourisme doux et durable, il faut que rapidement, les gens associent notre département au fleuve et au canal.
Ces axes n’étaient pas assez exploités jusqu’ici ?
Il y a eu des initiatives intéressantes mais ce n’est pas complètement abouti. Par exemple, une belle piste cyclable chemine depuis Carbonne jusqu’aux alentours de Saint Bertrand de Comminges mais elle ne démarre pas à Toulouse. Nous devons imaginer un cheminement de la ville rose jusqu’aux sources de la Garonne en Espagne. Quand on voit l’engouement pour le tourisme vert, le tourisme familial, on peut aisément comprendre les marges de développement que cela représente. Ainsi, demain, le tourisme en Haute-Garonne, ce sera Toulouse bien sûr, mais aussi le tourisme doux et durable autour de la thématique de l’eau. Il faut avoir une ambition pour notre tourisme, ce qui est le cas de Georges Méric.
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