Continuité. Les 158 élus ont voté le premier budget de la nouvelle région. La présidente Carole Delga affiche ainsi ses ambitions pour mener à bien son projet politique. Claire Fita, présidente de la Commission des finances, revient en détail sur les principales actions et investissements.
Claire Fita, avec un budget global de 2.89 milliards d’euros, la nouvelle région dispose d’un budget plus important que les deux anciennes régions réunies. Comment cela s’explique-t-il ?
La première réponse est d’abord technique. Cette forte augmentation est due aux changements dans la constitution même du budget. Nous sommes devenus autorité de gestion des fonds européens qui abondent désormais dans notre budget, que l’on parle de dépenses ou de recettes. De la même façon, de nouveaux dispositifs ont été mis en place, mais ils sont compensés en recettes comme le plan “500 000 formations” pour les demandeurs d’emploi : nous dépensons 50 millions d’€ supplémentaires, mais l’État nous ayant octroyé ce même montant, la compensation est effective.
La seconde est politique puisqu’elle relève du choix de la présidente. La forte augmentation de nos dépenses d’investissement (plus de 9%) et la maîtrise des dépenses de fonctionnement (+1.5%) traduisent une politique volontariste de Carole Delga.
Mobilisation générale pour le développement économique et l’emploi : 614.3 millions d’€ y sont consacrés. Quels seront les principaux investissements ?
Grâce à notre nouveau périmètre régional, nous sommes en capacité à mobiliser davantage d’outils et de leur donner plus de poids. Nos investissements se dirigent essentiellement vers l’accompagnement de l’emploi, des entreprises dans des secteurs clés pour notre économie régionale. Le plan Marshall dans le bâtiment et les travaux publics en est un parfait exemple. Il a permis d’aider les TPE et PME en augmentant les commandes publiques (880 000 millions d’€) et en leur permettant de répondre plus facilement aux appels d’offres. Mais nous donnons également la priorité à l’innovation par des aides directes, à la création et à la transmission/reprise d’entreprises, et à l’ouverture vers les marchés internationaux. Ces efforts sont particulièrement soignés sur certains secteurs d’activité qui représentent énormément d’emplois, comme l’agroalimentaire, l’aéronautique ou l’agriculture. Nous avons souhaité répondre aux urgences et aux difficultés de cette dernière filière avec un fonds de plus de 4 millions d’€. De même, pour l’économie touristique, forte dans notre région, nous avons créé le plan “Littoral 21” pour soutenir ce secteur qui commence à rebondir.
« Ce nouveau budget représentait un défi politique et technique »
Dans ce budget, une place particulière est réservée à l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche…
C’est effectivement le plus gros budget ! En Languedoc-Roussillon (LR) comme en Midi-Pyrénées (MP), l’éducation était prioritaire. Priorité à la jeunesse, l’éducation et donc à l’avenir de notre société. Nous avons toujours mis l’accent sur la formation qu’elle soit initiale, ou d’apprentissage (60 millions d’€ supplémentaires en crédits de paiement), d’enseignement supérieur ou la recherche. Les deux anciennes régions étaient sous majorité de gauche, il y a donc une continuité évidente, mais nous décuplons les efforts grâce à des investissements : nous prévoyons la construction de cinq nouveaux lycées et nous accélérons les démarches de rénovation. Et la recherche n’est pas oubliée grâce aux Contrats de plan État/région. Ainsi, la moitié de notre budget régional, soit 1,1 milliard d’€, est destinée à l’éducation, la formation professionnelle et l’enseignement supérieur.
628.6 millions d’€ ont été alloués aux territoires et à l’environnement. Ce budget a été repensé pour répondre à la grande diversité de la nouvelle région. Comment garantir l’équilibre ?
Cette diversité est un atout, mais elle nous oblige également d’être présents sur tous les champs. L’égalité entre les territoires est un principe politique, nous devons faire en sorte que l’aménagement soit équilibré. Cela signifie, donner un peu plus à ceux qui en ont le plus besoin. Notre action est donc volontariste notamment en termes de haut débit. C’est la première de nos ambitions qui garantira cet équilibre, car c’est une condition d’attractivité des territoires ruraux. Nous y consacrons 165 millions d’€ et dès la fin 2017, nous irriguerons tout le territoire. Nous développons également une politique de la montagne ambitieuse, à l’image de ce qui a été réalisé en bord de Méditerranée avec le Parlement de la mer. Nous souhaitons reproduire ce modèle dans les zones montagneuses.
Sur les aspects environnementaux, nous mettons les moyens pour généraliser l’éco-chèque sur l’ensemble de la région pour lutter contre la précarité énergétique. Cela répond à un problème de pouvoir d’achat, mais aussi à des ambitions environnementales. Pour cela, les investissements seront importants sur les transports et les ports (479.1 millions d’€).
Le premier budget est donc bouclé. S’agit-il d’un assemblage des budgets des deux anciennes régions ou d’un nouveau budget global ?
Ce nouveau budget représentait un défi politique et technique énorme. Nous avons réellement souhaité mettre tout l’existant sur la table, le repenser, identifier les actions similaires et différentes des deux anciennes régions, et établir un calendrier pour l’harmonisation des dispositifs divers. Nous nous étions engagés à la continuité des actions existantes sur l’année 2016, car Carole Delga ne voulait pas d’une année blanche où tout aurait été mis en suspens pour ne pas déstabiliser des acteurs qui dépendent des financements régionaux. Nous rajouterons de nouveaux dispositifs dès l’exercice 2016, et en 2017, avec l’accroissement des compétences des régions, le budget prendra plus d’ampleur, il augmentera de façon conséquente.
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