Consommation. La CCI de Toulouse vient de publier son enquête* sur les comportements d’achat en Haute-Garonne mettant en évidence le poids de la progression démographique. Christine Le Galo, présidente de la commission commerce de la Chambre, en analyse les résultats.
Christine Le Galo, pourquoi la CCIT a-t-elle réalisé cette enquête, quel en est le but ?
La dernière enquête du même type a été menée il y a cinq ans. Le principe est donc d’identifier, de 2009 à 2014, l’objet de la consommation des ménages et les grands lieux dans lesquels elle est effectuée. Ceci permet aux commerçants de mieux répondre aux attentes des clients et à mieux appréhender les évolutions en cours. La Chambre de commerce tient ainsi un rôle d’observatoire de la consommation pour savoir où et comment les clients font leurs achats.
Que ressort-il de cette enquête, quels sont les résultats les plus probants ?
Tout d’abord, nous observons une augmentation de la consommation de 12% en cinq ans qui correspond à la hausse du nombre de ménages. Contrairement à d’autres départements français, la Haute-Garonne n’enregistre pas de perte de consommation. Notre chance est celle de la progression démographique régulière. Ainsi, le département concentre 46% des dépenses commercialisables en Midi-Pyrénées, ce qui est remarquable.
Quels types de consommation les Hauts-Garonnais affichent-ils ?
Les produits alimentaires représentent 46% des dépenses : un score supérieur de 3 à 4 points à ce que l’on constate dans les autres départements. Ce chiffre est essentiellement lié à une présence accrue de centres commerciaux sur notre territoire. L’offre alimentaire est une réelle contraction des achats des ménages par rapport à d’autres produits ou services et correspond, encore une fois, à l’augmentation démographique. Dans un même temps, la hausse des prix de plus de 5% depuis 2009, joue également un rôle dans la proportion des produits alimentaires dans le flux de consommation global.
Vous avez également isolé le facteur géographique. Où les Hauts-Garonnais consomment-ils ?
Généralement, les gens achètent sur les lieux où ils sont installés, notamment en matière alimentaire. Ainsi, les dépenses liées à cette dernière se sont fortement développées sur les deuxième et troisième couronnes car c’est là que s’installent les nouveaux arrivants de l’agglomération, pas en centre-ville de Toulouse. C’est pour cela que la consommation au cœur de la ville rose n’a pas bougé. À l’inverse, depuis 2009, la population augmentant particulièrement sur Plaisance-du-Touch, Muret, Rouffiac-Tolosan, Colomiers, Revel et Villefranche-de-Lauragais, l’activité commerciale s’est fortement développée. Ces villes restent proactives en la matière et cela paye. De même, l’offre commerciale s’est développée, notamment dans le domaine de l’alimentaire, avec l’agrandissement ou la construction de supermarchés, ce qui crée une attractivité.
Concernant les grandes surfaces justement, captent-elles toujours autant de clientèle ?
Les petits commerces réalisent 21% des parts de marché (tous produits confondus), quand les grandes surfaces totalisent presque 75% des ventes de produits alimentaires. Cela s’explique par l’aspect pratique des achats en un seul et même lieu, mais aussi par les prix pratiqués. Aujourd’hui, tout Haut-Garonnais peut trouver une grande surface alimentaire à moins de 12 kms de chez lui, elles deviennent alors pratiquement des commerces de proximité.
Au vu de cette enquête comment les petits commerçants peuvent encore concurrencer les grandes surfaces ?
Pour se battre contre les enseignes qui usent de promotions et autres attractions du client, les commerçants indépendants doivent se servir des résultats de cette enquête pour mieux connaître leur territoire, les modes de consommation et élaborer des stratégies marketing. Il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers, il convient de développer des stratégies produits, des animations, être créatif et favoriser l’accueil, le service et les offres. De même, la solidarité est importante, et les associations de commerçants peuvent être une solution pour mutualiser les moyens et les forces.
* L’enquête a été réalisée par téléphone, sur 10 000 ménages de Midi-Pyrénées (dont 3 600 sur la Haute-Garonne). Les résultats ont ensuite été croisés avec des données « de dépenses commercialisables par ménage » de l’Insee et les indices de disparité (taille des ménages, situation géographique…)
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