ANNIVERSAIRE. L’incubateur d’innovation sociale pour l’économie en Midi-Pyrénées, Catalis, fête ses un an, l’occasion pour Emilie Masselot, chargée de mission à l’Union régionale des Scop régionale, de dresser le bilan sur douze mois d’activité et d’accompagnement des porteurs de projets.
Emilie Masselot, pouvez-vous rappeler les missions premières de Catalis ?
Il s’agit d’un incubateur régional d’innovation sociale mis en place en mai 2014, avec deux objectifs principaux : d’abord, la promotion du secteur de l’innovation sociale car, dans l’inconscient collectif, l’innovation est forcément technologique. De plus, elle n’était pas suffisamment mise en avant dans les politiques publiques et dans les dispositifs de financements existants. Ensuite, une mission classique d’incubateur qui est d’accompagner les porteurs de projets, du stade de l’idée à la structuration de l’activité.
Comment sensibiliser à l’innovation sociale ?
Nous avons mis en place des critères la définissant car aucune ne délimitait ce champ précisément. Le projet doit donc être novateur, nouveau sur le territoire, proposer de nouvelles manières de s’organiser, amener une forte valeur ajoutée sociale et environnementale, être collectif et associer différentes parties prenantes dans la construction même du projet. Bien sûr ce sont des projets d’entreprises qui ont donc une vocation économique.
« Un budget avoisinant les 150 000€ sur la première année »
Quelle est donc la définition de l’innovation sociale ?
La loi ESS de juillet 2014 a instauré une définition qui est la suivante : « Un projet qui répond à une demande nouvelle correspondant à des besoins sociaux non ou mal satisfaits dans les conditions actuelles du marché. » Elle reste assez vague, c’est pourquoi nous travaillons à rendre les enjeux plus compréhensibles de tous.
Catalis a donc un an, quel est le premier bilan ?
Nous observons une forte dynamique puisque nous avons lancé deux appels à candidatures depuis un an pour lesquels nous avons reçu près de 110 dossiers. D’autre part, la dynamique se trouve également du côté des acteurs puisque nous avons réuni plus de 70 partenaires autour du dispositif, qui participent au repérage des projets, à leur sélection et à leur accompagnement. Au total, nous avons accompagné 21 projets en phase d’incubation évoluant dans des thématiques aussi diverses que la protection environnementale, la culture, les circuits courts alimentaires, les filières bois ou laine… Tout ceci pour un budget avoisinant les 150 000€ sur la première année. Nous pouvons ainsi proposer des avances remboursables en moyenne de 3 000€.
Que peut attendre un porteur de projet qui candidate pour intégrer les programmes de Catalis ?
Il vient chercher un accès à un panel d’acteurs (partenaires locaux, financeurs) qui peuvent l’aider dans son projet, un fonctionnement type « guichet unique », mais aussi l’échange d’expérience avec d’autres futurs entrepreneurs qui le positionne dans une dynamique collective et maintient sa motivation, et pour finir, du conseil et de l’accompagnement concernant la construction du modèle économique et la structuration juridique. L’accompagnement est à la fois individuel (suivi de l’état d’avancement et conseils personnalisés) et collectif (formations comptabilité, gestion, RH…).
Catalis finance la phase d’incubation des projets mais d’où tire-t-il ses propres financements ?
Nous travaillons avec des structures comme Midi-Pyrénées Actives, IES (société de capital risque, ndlr), le Crédit Coopératif et le Fonds d’innovation sociale qui sera mis en place à la fin de l’année. Pour le reste, il s’agit d’aides ponctuelles de la Région ou de la Caisse des dépôts. Les financements se débloquent au fur et mesure des besoins, il n’y a pas d’enveloppe dédiée mais être accompagné par Catalis confère une pertinence aux projets, c’est une caution.
Peut-on finalement comparer Catalis à un cluster d’innovation technologique auquel le milieu économique est plus habitué ?
Je ne pense pas car nous accompagnons des porteurs de projets sur une période déterminée et nous nous appuyons plutôt sur des réseaux déjà existants type le Mouves (Mouvement des entrepreneurs sociaux, ndlr). Nous n’avons pas cette notion de communauté que l’on peut retrouver dans un cluster… même si nous y réfléchissons.
Commentaires