Stabilité. L’Ordre des experts-comptables de Toulouse Midi-Pyrénées a publié une enquête qui traduit les attentes de ses clients, à savoir les PME et TPE. Jérôme Cathala, président de l’Ordre, revient sur les résultats et donne une vision globale de la situation des entreprises sur la région en 2015.
Jérôme Cathala, l’Observatoire des experts-comptables a mené son étude, non pas auprès des entreprises directement, mais auprès de vos confrères…
Nous menons cette étude deux fois par an et nous demandons aux experts-comptables leur ressenti sur leur clientèle, soit les TPE et PME. Cette démarche n’est pas celle d’un sondage, toutefois les résultats de l’Observatoire renvoient aux mêmes constatations que les enquêtes auprès des entreprises. Ceci nous permet de garder une traçabilité des évolutions des entreprises de notre territoire, mais également d’évaluer le moral des entrepreneurs. Nous ciblons particulièrement les secteurs d’activité du BTP, du commerce, de l’industrie, de l’automobile et de l’hôtellerie-tourisme-restauration.
Au vu des résultats de l’Observatoire, qu’en est-il aujourd’hui du moral des entrepreneurs ?
Pour 67% d’entre eux, le moral est stable et augmente même pour 8%. La hausse est donc minime, mais nous constatons que nous ne sommes plus dans un climat de dégradation, nous l’avions d’ailleurs déjà observé en début d’année 2015. Nous ne sommes pas encore dans une logique de satisfaction, mais au moins, le moral des entrepreneurs s’est stabilisé. Ceci est dû au climat économique actuel où les dégradations ont été très fortes en 2008. Finalement, nous nous sommes habitués aux difficultés et nous ressentons de moins en moins les effets de la crise économique. En revanche, avoir une perspective reste toujours aussi compliqué.
Ce moral des entrepreneurs aujourd’hui stabilisé a-t-il une influence sur les emprunts ?
Plus le moral est bon et plus les entrepreneurs consomment. Ainsi, la logique de dépense s’en trouve dynamisée et la richesse est réinjectée dans l’économie. Mais nous n’observons pas forcément de recours à l’emprunt, car la difficulté de retrouver du financement n’a pas augmenté.
Les entreprises en bonne santé qui seraient susceptibles de créer des emplois semblent finalement frileuses…
Si l’activité, le développement, le chiffre d’affaires et la visibilité le permettent, les embauches auront lieu. En revanche, le manque de flexibilité reste le principal frein à un recrutement (44%), de même que le coût du travail pour 23% des entrepreneurs. Plus de flexibilité engendrerait automatiquement un recours à l’emploi. Cela peut prendre la forme d’horaires, de contrats plus souples et d’un environnement juridique plus sain.
Justement parmi les mesures du gouvernement pour l’emploi se trouvait le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi. Comment a-t-il été perçu par les entrepreneurs ?
Favorablement à 65%. Aujourd’hui, les effets positifs du CICE sont visibles en trésorerie et sur l’impôt. Même si la mesure n’a pas forcément généré de l’emploi, elle a au moins limité les dégradations des entreprises.
« Le BTP et le commerce sont deux secteurs qui souffrent »
À l’inverse, les entreprises ont-elles toujours autant de mal à trouver de la main-d’œuvre qualifiée ?
Ce problème est récurrent, mais il n’est pas moins ou plus prégnant que les années précédentes. Nous parlons-là de quatre à sept ans d’expérience et de personnel disponible immédiatement. Aujourd’hui, la conjoncture étant ce qu’elle est, les salariés ont plutôt tendance à vouloir garder leur poste, il est donc compliqué de trouver sur le marché, des employés expérimentés qui souhaiteraient changer de secteur d’activité.
Qu’en est-il des créations et des défaillances d’entreprises ?
Les deux sont relativement stables. Le marché se compense automatiquement et les fermetures d’entreprises sont même en légère baisse, mais le niveau étant déjà élevé en 2014, cela reste peu pertinent.
Si les entrepreneurs retrouvent confiance, prévoient-ils pour autant une hausse de la rentabilité ?
La “casse” a déjà eu lieu, elle est globalement passée, les parts de marché et la rentabilité se maintiennent. Par secteur d’activité cependant, les choses s’avèrent plus difficiles, certains souffrent plus que d’autres.
Par secteurs d’activité justement, lequel est le plus en difficulté aujourd’hui, en termes de trésorerie ?
Le BTP et le commerce sont deux secteurs qui souffrent, où les dégradations de trésorerie sont toujours aussi importantes : respectivement 59% et 55% de dégradation. Seule l’industrie, privilégiée, montre des prémisses de stabilisation et même 17% d’amélioration. De même, les prévisions d’activité restent stables, les experts-comptables estimant que leurs clients se maintiendront sur les mêmes rythmes que l’année précédente. Là encore, nous notons des signes d’amélioration dans l’industrie, quand finalement l’activité du BTP se stabilise et le commerce est en difficulté.
Les entreprises les plus optimistes sont-elles prêtes à réaliser des investissements ?
Tous les indicateurs ne sont pas au vert et il est donc difficile pour une société de parler d’investissements sans avoir de visibilité. Tous secteurs confondus, une majorité d’entreprises ne pourra pas investir en vue d’un développement dans les six prochains mois. C’est là que le facteur “confiance” a toute son importance. Nous sommes encore sur des investissements défensifs, de maintien. Ainsi, pour 2016, la dynamique ne sera pas énorme, mais l’activité de maintiendra sur le rythme de 2015, voire connaîtra une légère amélioration générée par une consommation des ménages ascendante.
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