La saison est aux résolutions. Et dans ce grand élan de bonnes intentions que charrie la nouvelle année, la solidarité figure régulièrement en tête du classement. Qui n’a jamais éprouvé le besoin de se sentir plus utile à la société ? Une envie pas toujours compatible avec son mode de vie. Sur Internet, fleurissent les initiatives qui permettent à chacun de trouver la façon adéquate de donner de son temps ou de faire preuve de générosité dans la mesure de ses moyens. Le JT vous propose de surfer sur cet élan de cybersolidarité.
Le don perd des adeptes en France. Depuis 2013, le nombre de ménages qui en déclarent au moins un a ainsi baissé de 10 %, soit 500 000 personnes, indique le dernier baromètre réalisé par l’organisme Recherches et solidarités auprès des contribuables. Autour de 7,5 milliards d’euros, le montant total collecté a même chuté, pour la première fois, en 2018 : « Une année noire pour le secteur, notamment en raison de la réforme de l’Impôt de solidarité sur la fortune. En 2019, nous avons également constaté de la frilosité face à l’entrée en vigueur du prélèvement de l’Impôt à la source », expose Béatrice Beauce, déléguée générale de la Fondation de France dans le grand Sud-Ouest.
« Aujourd’hui, chacun d’entre nous peut devenir le vecteur d’une cause »
Cette dernière estime que l’élan de générosité suscité par l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris aura aussi privé un nombre conséquent de structures d’une partie de leur recette habituelle. « Et les mouvements sociaux pourraient avoir des répercussions sur le bilan de ce mois de décembre, celui où l’on est le plus solidaire d’ordinaire. » Pour 2020 enfin, la responsable régionale du premier acteur philanthropique français redoute un certain attentisme des donateurs, élections municipales obligent. Si le secteur accuse le coup, il présente toutefois un nouveau visage. Le profil des contributeurs évolue.
Certes, les moins de 30 ans mettent bien moins souvent au pot, puisque seuls 3 % d’entre eux ont déclaré un don en 2018. « Mais lorsqu’ils font le choix de donner, ils y consacrent une part importante de leurs ressources, soit 2,3 % de leur revenu. C’est plus que toutes les autres classes d’âge, à l’exception des plus de 70 ans », remarque l’organisme Recherche et solidarité. « Face à la forte capacité financière des seniors, il existe en effet une fourmilière de jeunes qui contribuent de manière plus sporadique, sur des causes bien spécifiques, directement depuis leur smartphone », confirme Antoine Vaccaro, président du Cerphi (Centre d’étude et de recherche sur la philanthropie). Il souligne que le nombre de possibilités de faire un geste a explosé : « On peut désormais exprimer sa générosité à tout moment, par tous les moyens. »
« Viendra le jour où toute la collecte passera par le Web »
Via les réseaux sociaux ou les sites de crowdfunding, grâce à des arrondis de caisse ou des évènements caritatifs en ligne. « Il viendra le jour où toute la collecte passera par le Web », annonce Antoine Vaccaro. Des nouvelles technologies qui donnent un coup de vieux aux institutions en place, fondations, associations ou organisations non gouvernementales : « Elles ne sont plus incontournables : aujourd’hui, chacun d’entre nous peut devenir le vecteur d’une cause. » Un phénomène que le spécialiste de la philanthropie illustre avec la cagnotte lancée par un internaute australien qui a dépassé, à ce jour, les 2 millions de dollars, afin de venir en aide aux koalas victimes des incendies. « C’est une des révolutions du moment : nous sommes tous à égalité pour mobiliser notre prochain ».
Sources : Enquête Kantar Public pour France Générosité – Mars 2018
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