L’économie du monde d’après sera-t-elle écologique, sociale et solidaire ? Le collectif d’entrepreneurs Nous Sommes Demain fait des propositions pour faire de la relance un instrument de la transition.
Jérémie Loevenbruck, ambassadeur du Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves) Occitanie et membre du collectif Nous sommes demain © DRAu delà des questions sanitaires, l’épidémie de Covid-19 et le confinement ont provoqué un élan de remises en question du modèle économique qui régit nos sociétés. Mondialisation, sur-consommation, souveraineté sanitaire et alimentaire… Autant de sujets que la crise a replacé sur le devant de la scène. Pour de nombreuses personnes, cette soif de changement s’est cristallisée autour d’un espoir en forme de leitmotiv : l’avènement du ”monde d’après”. Une formule dans laquelle se retrouvent les membres du collectif Nous sommes demain, un groupe de réflexion créé en août 2018 et qui représente près de 400 000 entreprises, coopératives et associations ayant l’ambition d’inciter leurs pairs à s’engager dans la transition sociale et écologique. Alors, pour faire de la relance un « levier de la transformation », ses membres ont développé un ensemble de propositions concrètes.
Profitant de la vague de mesures de soutien et des fonds exceptionnels débloqués par le gouvernement français et l’Union européenne, le collectif Nous sommes demain propose en premier lieu de conditionner l’obtention de ces aides à des engagements concrets sur la réduction de leur empreinte écologique et sociale. En effet, pour Jérémie Loevenbruck, ambassadeur du Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves) Occitanie, gérant de la scop Palanca et membre du collectif, ce plan de relance inédit représente une opportunité à ne pas rater. « Se contenter de remettre de l’énergie dans le moteur pour qu’il redémarre serait une erreur. Nous devons diversifier notre économie et nous tourner vers des modèles plus sobres. Cela fait des dizaines d’années que les actions des différents gouvernements favorisent le grand capital et que l’Économie sociale et solidaire (ESS) est oubliée. Il faut que cela change. Ce qui veut dire qu’il ne faut pas sauver les activités qui sont vouées à disparaître. Par exemple, nous ne pouvons pas relancer l’industrie aéronautique telle qu’elle était avant la crise alors que, dans le futur, nous devrons arrêter les vols intérieurs ou sur de courtes distances au profit de moyens de transport moins polluants. Il est fondamental d’accompagner ces entreprises dans un processus de mutation. » pouvoir. Cette mesure pourrait être complétée par un système de bonus-malus qui déterminerait le niveau de contribution financière des entreprises à la relance.
Enfin, pour pérenniser le développement d’une économie à « impact positif », le collectif propose également de créer des labels et des certifications européennes ainsi que de Grandes écoles de la Transition. « L’Économie sociale et solidaire répond à un besoin de sens croissant et à des nécessités environnementales et sociales très fortes. C’est un mouvement de fond qui se généralise », observe Jérémie Loevenbruck qui relève également les nombreux atouts de l’ESS. « C’est un secteur ou il existe une forte tradition d’innovation et d’expérimentation. Tant sur le plan technologique que du management ou des modèles économiques. Par ailleurs, sa sobriété comme son ancrage local rendent cette économie plus résiliente et lui permettent de mieux résister aux crises », défend-t-il.
Des qualités qui devraient, selon lui, inciter les collectivités à s’engager plus massivement dans cette voie. Le collectif appelle ainsi au lancement d’un plan interrégional d’investissement pour redynamiser des filières stratégiques à un niveau local. « Pour le moment, ces propositions sont encore débattues. Une fois qu’elles seront actées, nous les ferons remonter auprès du gouvernement et de l’ensemble des décideurs », précise Jérémie Loevenbruck. Présentées en détail et soumises au vote des visiteurs sur le site internet du collectif, celles-ci seront rendues publiques dans leur version définitive au moment des Universités de l’économie de demain, les 27 et 28 août.
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