Alors que l’Occitanie compte plus de 600 000 chômeurs, 18 000 emplois sont toujours non pourvus dans le bâtiment. Pour remédier à cette situation paradoxale, Pôle emploi et les acteurs du secteur ont signé une convention avec pour objectif de favoriser les embauches.
Malgré le spectre d’une profonde crise économique, un chômage en hausse et plus de 600 000 demandeurs d’emplois recensés en Occitanie, le secteur de la construction peine toujours à recruter. En effet, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) et la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), font état de 18 000 postes non pourvus dans la région. Un paradoxe que les acteurs de la filière espèrent résoudre grâce à une convention signée, ce mercredi 20 janvier, avec Pôle emploi Occitanie.
« L’idée est de s’appuyer sur les quelques secteurs qui ont la chance d’avoir amorcé une reprise, comme le bâtiment, pour faire face à une situation critique. Ce partenariat doit nous permettre de réorienter les demandeurs d’emplois des industries en difficulté vers la construction et d’optimiser la correspondance entre l’offre et la demande », expose Serge Lemaître, le directeur régional de Pôle emploi. Pour atteindre ces objectifs, sa structure et les représentants de la profession ont identifié quatre axes de travail.
Tout d’abord, Pôle emploi Occitanie souhaite affiner et fiabiliser ses fichiers de demandeurs d’emploi qui recensent, actuellement, 30 000 personnes inscrites en tant que professionnelles du bâtiment. « Une bonne partie d’entre elles n’ont plus les qualification nécessaires ou cherchent désormais dans un autre domaine. Nous devons identifier celles qui sont immédiatement disponible pour travailler et celles à qui nous devons proposer une formation ou une reconversion », explique Serge Lemaître.
Un tri qui devrait réduire de moitié le nombre de profils et, ainsi, garantir un marché plus lisible et des candidatures plus cohérentes. « Malgré la quantité de demandes, nous avons beaucoup de mal à trouver des profils correspondants aux postes que nous proposons. D’autant que la filière et les métiers évoluent beaucoup », confirme Christian Calmels, dirigeant d’une entreprise locale de rénovation énergétique.
D’autre part, Pôle emploi s’engage à développer un plan d’action personnalisé pour chaque offre d’emploi déposée. « Nous devons accompagner le chef d’entreprise pour trouver la solution et lui proposer le dispositif qui lui est le plus adaptée », détaille le directeur régional de Pôle emploi. Que ce soit par des Actions de formation préalable au recrutement (AFPR), des formations, ou des aides à l’embauche. « Nous ne sommes pas freinés par les moyens économiques mais par le manque de ressources. C’est très frustrant », corrobore immédiatement Christian Calmels.
Par cette démarche, Pôle emploi espère retrouver la confiance des chefs d’entreprise du secteur. « Nous devons réussir à faire converger les offres d’emploi sur notre site internet. Cela nous permettra d’avoir une vision plus claire du marché et des qualifications attendues. Nous pourrons ainsi comprendre pourquoi nous avons toujours autant d’offres non pourvues malgré la demande et adapter nos offres de formation », concède Serge Lemaître.
Enfin, face à cette volonté d’embaucher et une demande insatisfaite, Pôle emploi souhaite également élargir le vivier des candidats. Notamment en développant des passerelles entre les secteurs sinistrés par la crise et la construction. « Nous avons amorcé un travail avec les différentes branches de l’industrie pour identifier les métiers qui vont licencier dans les prochains mois. De manière à capter cette main-d’œuvre qualifiée et la réorienter avant qu’elle ne passe par la case chômage », assure le directeur de Pôle emploi. Un phénomène de vase communicants qui pourrait être particulièrement pertinent pour les métiers techniques ou sur les postes d’ingénieurs.
« Le métier à changé. Aujourd’hui on a besoin de technicité et de réflexion. Le métier ne se limite plus à pousser une brouette. Nous travaillons avec des outils numériques et nous devons proposer une véritable expertise », souligne Frédéric Carré, le président de la FFB Occitanie. Celui-ci l’assure, le bâtiment est devenu attractif sur le plan des salaires comme des débouchés. « C’est comme une équipe de rugby. On a besoin de tous types de profils. Que ce soit en terme d’âge ou de qualification », renchérit Vincent Perez le président de la Capeb Occitanie. Tous deux se disent optimiste sur les perspectives de croissance de leur filière dans une région attractive et en pleine croissance démographique. Et ils sont convaincus que celle-ci peut jouer un rôle « d’amortisseur de crise pour l’emploi ».
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