CONTROLE. Le dirigeant du groupe Iffec vient de lancer un outil de lutte contre le travail illégal dans le BTP. Une nouvelle étape dans la carrière atypique de ce pur autodidacte.
La crise qui touche le BTP impacte tous les échelons du secteur. Iffec, spécialiste de l’économie de la construction et de la maîtrise d’œuvre, n’y a pas échappé. Le ralentissement de l’activité a conduit Frédéric Pradal, fils du fondateur de ce groupe né à Rodez et depuis transféré à Toulouse, à diviser par deux ses effectifs pour les ramener à une douzaine de salariés, et à fermer son agence de Montpellier. Pour donner un nouvel élan à sa société, le dirigeant mise depuis plus d’un an à un projet ambitieux : Bati Vigie. Ce logiciel de lutte contre le travail illégal dans le BTP permet de contrôler en temps réel les personnels sur un chantier et de les comparer à la base de données de l’entreprise concernée. Un outil particulièrement adapté aux besoins des maîtres d’ouvrage, le législateur venant de durcir les sanctions en matière de travail dissimulé.
Frédéric Pradal mobilise 90 % de son temps à cette innovation. Preuve d’un tempérament qui lui a permis de dérouler une carrière pourtant loin d’être acquise. Pur autodidacte – il sourit aujourd’hui en évoquant son « échec scolaire fulgurant » –, le dirigeant a « beaucoup travaillé » et multiplié les stages pour acquérir les compétences nécessaires avant d’intégrer l’entreprise familiale en 1985, à 19 ans. Son principal regret dans ce parcours : avoir dû renoncer à sa grande passion, le rugby, pour se consacrer à son avenir professionnel. Ce monde de l’ovalie, cet Aveyronnais va cependant le retrouver quelques années plus tard. À Pau. En 1997, après avoir validé un diplôme d’ingénieur, Frédéric Pradal ressent en effet « le besoin de bouger, de voir autre chose » et saisit l’opportunité de reprendre un bureau d’études dans la cité béarnaise. Après un démarrage difficile, il relance ce cabinet en profitant des réseaux créés autour de la Section paloise, le club de rugby racheté par un pool de sponsors sont il faisait partie. Vient alors le moment de rentrer dans la Ville rose pour prendre la tête d’Iffec aux côtés de son épouse Carole. Nous sommes en 2000.
Lorsqu’il évoque son parcours, le dirigeant cite à plusieurs reprises un même nom. Celui du ténor de l’immobilier toulousain Jacques Rubio, ancien directeur général de Malardeau et aujourd’hui à la tête de Kaufman & Broad dans le sud-ouest. C’est lui qui l’a convaincu de le suivre à Bordeaux puis à Bayonne, où Ifecc possède encore ses autres agences. C’est également à sa demande qu’il a réfléchi au projet Bati Vigie. « Jacques Rubio est venu me voir en disant qu’il cherchait un moyen de contrôler la légalité des personnels sur ses chantiers », relate Frédéric Pradal. De ce besoin est né le projet qui doit donc contribuer à relancer définitivement le groupe toulousain. Après avoir enregistré un chiffre d’affaires de 250 000 euros dès la première année, le dirigeant table sur deux doublements successifs en 2016 et 2017. Ce qui, déjà, conduirait presque Bati Vigie au même niveau qu’Iffec.
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