Renforcement des fonds d’aide aux entreprises et centralisation des services d’information et d’orientation avec un numéro d’appel unique. Face à une crise qui risque de durer, les collectivités et les représentants des acteurs économiques locaux renforcent leur coopération.
Carole Delga, Alain Di Crescenzo et Serge Crabié au chevet de l’économie locale en Occitanie © DRLe déconfinement est loin d’être synonyme de fin de crise. « Elle va durer et aura des impacts très profonds », alerte Alain Di Crescenzo, le président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Occitanie. Une situation préoccupante à laquelle celui-ci ainsi que Carole Delga, la présidente de la Région et Serge Crabié, le président de la Chambre régionale des métiers et de l’artisanat (CRMA) entendent répondre par une mobilisation et une coopération renforcée.
Face à la multiplication des plans d’aide et de relance, la Région et les chambres consulaires ont donc fusionné leurs services de réponse, d’accompagnement et d’orientation, au sein d’un numéro d’appel unique et gratuit (0805 18 19 20). Une nouvel outil qui simplifie l’accès aux différents dispositifs de soutien économique, mais également psychologique, pour les 240 000 entreprises que compte le territoire.
Si les commerçants ont pu reprendre leur activité, de nombreux secteurs sont encore en panne. Et l’Occitanie se retrouve, par voie de conséquence, un territoire particulièrement touché par la récession. « 60 % des emplois salariés sont actuellement en situation de chômage partiel », rappelle Alain Di Crescenzo.
Une situation qui pourrait continuer de s’aggraver si, par exemple, Airbus voyait ses difficultés se confirmer et mettait en œuvre le plan de restructuration évoqué par le président du groupe, lors d’une réunion de travail, jeudi dernier. Pour le président de la CCI, ce sont 80 000 emplois directs (notamment chez les sous-traitants) et indirects qui pourraient ainsi être menacés. « J’espère que ce ne sont que des bruits de couloirs », tempère toutefois Alain Di Crescenzo.
Pour préserver l’économie locale, les collectivités et les représentants des acteurs économiques sont donc confrontés à un double défi : permettre aux entreprises de surmonter l’arrêt de l’activité lié à la crise sanitaire, avant de les accompagner de manière durable dans la reprise.
Créé en urgence, le 10 avril dernier, le fonds de solidarité, qui prévoyait une aide mensuelle comprise entre 2 000 et 5 000 euros pour les entreprises de moins de 10 salariés en difficulté, entre dans une nouvelle phase. La version actualisée de ce dispositif exceptionnel a été adaptée pour être élargie aux indépendants et aux structures de moins de 50 salariés n’ayant pas obtenu de Prêt garanti par l’État (PGE) ou n’ayant pas pu bénéficier de l’aide de l’Urssaf. Doté de 12 millions d’euros pour le mois d’avril, il aura désormais pour vocation d’aider les PME locales au redémarrage de leur activité. Une façon de « combler les trous dans la raquette », pour Carole Delga qui estime que « les prochaines semaines auront des conséquences économiques très lourdes ».
Néanmoins, le poids de la crise risque de peser durablement sur l’ensemble des secteurs économiques. S’il faut « agir vite », il faut aussi se préparer à « un ultra marathon », selon les mots d’Alain Di crescenzo. Ce dernier, qui craint de nombreuses défaillances d’entreprises dans les mois à venir, envisage plusieurs pistes de travail pour leur permettre de survivre.
En premier lieu la poursuite de la digitalisation : « Nos entreprises ont souffert d’un manque à ce niveau. Cette crise a révélé l’intérêt du télétravail et de la vente en ligne via des plateformes indépendantes de sociétés étrangères », explique-t-il. Par ailleurs, celui-ci a défendu la sécurisation des parcours tout au long de la reprise ainsi que la formation professionnelle.
Un point de vue partagé par la Région qui a lancé un plan ”Former plutôt que licencier”, ainsi que le fonds L’OCCAL. Un nouveau dispositif, créé en partenariat avec les Départements, les intercommunalités et la Banque des territoires et dédié aux entreprises du tourisme, aux commerces de proximité et aux artisans. Doté d’une enveloppe de près de 80 millions d’euros permettant d’octroyer des aides financières sous forme de subventions ou de garanties d’emprunt, ce fonds entrera en vigueur à partir du 1er juin et sera effectif jusqu’au 31 décembre 2020.
En effet, selon Serge Crabié, la fin de l’année 2020 sera décisive et c’est au premier trimestre 2021 que l’on pourrait voir apparaître le gros des dépôts de bilan. « C’est le moment où les entreprises devront rembourser les prêts contractés malgré une trésorerie qui aura fondu », analyse-t-il avant d’ajouter une touche d’optimisme. « Même si ce ne sera pas facile, nous devrions gagner cette partie », conclut le président de la CRMA.
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