Avec deux secteurs clés particulièrement touchés par la crise, l’aéronautique et le tourisme, l’Occitanie peine à profiter de la relance et paie le choix d’un modèle de développement trop peu diversifié.
En Occitanie l’économie est fortement liée à l’aéronautique © DRDans un contexte de reprise économique plus rapide que prévu au niveau national, l’Occitanie déçoit. La région paye sa spécialisation sectorielle et, notamment, sa dépendance à l’industrie aéronautique. « Au niveau national, nous avons eu une bonne surprise au mois de juin. L’activité, qui avait chuté de 32 % au mois de mars a déjà retrouvé un niveau inférieur de 9 % par rapport au niveau de l’année précédente », se satisfait Stéphane Latouche, le directeur de l’antenne locale de la Banque de France (BDF), qui table sur un retour « à la normale » au cours de l’année 2022.
Une embellie des prévisions économiques dont l’Occitanie peine à profiter. « Alors que la région était plutôt dans le peloton de tête, celle-ci est en train de décrocher à cause de se spécialisation sectorielle et se retrouve en bas de classement », déplore le responsable de l’institution. En effet, deux des trois principaux secteurs d’activité locaux ont été les plus durement touchés par cette crise : l’aéronautique et le tourisme. « L’agroalimentaire a permis d’amortir le choc », tempère Stéphane Latouche.
L’aéronautique enregistre toujours un recul de son activité compris en 30 et 40 %. « Les carnets de commandes se reconstituent lentement, mais sont encore loin de ce que l’on a connu », détaille le directeur de la BDF Occitanie. Une situation qui pèse sur l’ensemble du secteur industriel de la région. Cette dernière voit les prévisions concernant son niveau d’activité au mois de juin marquer le pas à 80 % du volume considéré comme normal, soit cinq points en deçà des valeurs moyennes en France.
« Le secteur des matériels de transport, fer de lance de l’industrie tricolore, rencontre des difficultés dans tout le pays. Toutefois, l’automobile a mieux rebondi que l’aéronautique, notamment grâce aux diverses primes », précise Pascal Robert, chargé de mission économique à la BDF.
Des difficultés qui se répercutent sur d’autres secteurs, par le jeu de la sous-traitance, comme l’ingénierie ou l’informatique. Les prévisions de reprise de la catégorie « Autres services », dans laquelle sont comptabilisés les intérimaires (dont l’emploi a chuté de 43,5 % en Occitanie au cours du deuxième trimestre 2020) ou les travaux d’entretien, plafonnent à 47 % pour le mois de juin. Au niveau national, le pronostic, largement plus favorable, s’établit à 87 %.
Au contraire, la région Occitanie a plutôt bien tiré son épingle du jeu en matière de production et de vente d’équipements électriques, électroniques et informatiques n’intervenant pas dans la fabrication d’avions, avec un niveau d’activité deux à trois points supérieurs à la moyenne nationale. Une bonne performance qui n’est toutefois pas suffisante pour compenser la crise aéronautique. De même, le secteur agroalimentaire a mieux réagi dans la région avec une activité qui a déjà retrouvé des niveaux avoisinant les 97 % (trois points au-dessus de la moyenne nationale).
Enfin, dans la région comme dans le reste du pays, le bâtiment a connu une relance spectaculaire avec des carnets de commandes qui se sont rapidement consolidés. Une situation favorable dont ne bénéficient pas les entreprises de travaux publics qui attendent toujours, et avec impatience, la reprise des appels d’offres des collectivités locales. Les ventes de commerces de détail sont reparties à la hausse, malgré les difficultés accumulées avec les manifestations et le mouvement des gilets jaunes. Les plus touchées étant les petites boutiques de textile et d’habillement.
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