Suite à la fermeture des établissements en raison du confinement, le secteur de la restauration est au plus mal. De nombreux restaurateurs, dont le chef doublement étoilé Michel Sarran, se retournent contre leurs assurances qui refusent de les indemniser suite à leur perte d’exploitation.
Le secteur de la restauration reprendra son activité le 2 juin prochain. CC Marco Mini-Pixabay« Nous allons les attaquer comme Stéphane Manigold a pu le faire et j’espère que nous obtiendrons les mêmes résultats ». Ce mardi 26 mai, Michel Sarran a décidé de poursuivre son assureur. Le médiatique chef doublement étoilé souhaite attaquer en justice l’assureur Axa, qui refuse de l’indemniser pour ses pertes d’exploitation, comme l’a fait Stéphane Manigold, président du groupe Eclore, qui a lui aussi poursuivi Axa et obtenu gain de cause.
« Dans les mois qui arrivent, c’est toute la profession qui va partir à la casse », selon Fabien Jeanjean, président du Groupement national des indépendants de l’hôtellerie restauration (GNI) en Occitanie. « On estime qu’entre 20 et 30 % des établissements du secteur de la restauration feront faillite. » Pour Fabien Jeanjean, aussi restaurateur, Toulouse n’échappera pas à cette crise. « D’autant plus qu’ici, le moteur économique, c’est Airbus. Et personne n’aurait cru qu’il allait tousser si fort et donc entraîner un très fort ralentissement économique. »
Aujourd’hui, suite à la crise du Covid-19, les restaurateurs se retournent contre leur assureur pour obtenir des indemnités suite à leur perte d’exploitation, causée par la fermeture des établissements dans le cadre du confinement. Mais Fabien Jeanjean prévient : « Ce qui se passe avec Michel Sarran n’est pas valable pour tous les restaurateurs. La majorité des professionnels avaient une exclusion de garantie sur les crises sanitaires. En réalité, seuls 5 % des restaurateurs sont concernés par des contrats à l’interprétation litigieuse. »
Il explique notamment que, dans certains contrats, une clause garantie la perte d’exploitation en cas de fermeture administrative ou d’épidémie. « Avec le Covid-19, cela a été le cas puisque c’est le gouvernement qui l’a exigé. Mais dix paragraphes plus tard, une ligne revient sur cette clause. Elle stipule que l’indemnité ne peut pas s’appliquer si un autre établissement ferme pour les mêmes raisons que le vôtre. C’est ce qu’on appelle l’art de l’assurance », ironise-t-il. Selon lui, tous les contrats concernés par ces clauses litigieuses doivent être honorés. « Ils sont quand même en train de se chamailler pour 5% des contrats. Quand on sait que les honoraires des avocats engagés par Axa sont plus chers que la perte d’exploitation de Stéphane Manigold… » souffle-t-il.
Pour le reste des restaurateurs, Fabien Jeanjean soutient qu’une aide financière « de 10 à 20% doit être allouée » par les assurances. « Sinon, demain, ils n’ont plus nos contrats. Nous savons déjà que nous allons travailler à perte, et nous le ferons. Nous tiendrons bon. Mais Toulouse, avec des bars, des restaurants et des cafés fermés, perdra une partie de son âme ».
La Fédération française des assurances (FFA) n’a pas pu répondre à nos sollicitations. Cependant, elle annonce dans un communiqué être en train de mener des travaux « pour dessiner un dispositif d’assurance qui, dans le futur, permettra de mieux protéger les entreprises contre les conséquences économiques d’un événement majeur tel que le vit notre pays aujourd’hui. »
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