L’entreprise adaptée Distribution services industriels (DSI), sous-traitant d’Airbus qui emploie 78 % de salariés en situation de handicap, demande à ses employés de se reconvertir dans la conception de masques, dans le cadre d’un Accord de performance collective (APC). La CGT se mobilise contre ce plan qui impacte une population fragile.
Le siège de DSI, sous-traitant d’Airbus, à Toulouse © Google mapUn tiers des postes frappé par une chute de l’activité et un chiffre d’affaires divisé par deux. Comme l’ensemble des sociétés du secteur aéronautique, l’entreprise adaptée Distribution Services industriels (DSI), qui fournit des prestations dans le domaine informatique à Airbus, est fortement affectée par le contrecoup de la crise sanitaire. Pour faire face aux difficultés, cette société qui emploie actuellement près de 1 000 salariés dont 78 % sont en situation de handicap, a décidé de mettre en place un Accord de performance collective (APC). Un plan d’économie, déjà signé par certains partenaires sociaux (dont Force Ouvrière), mais que dénoncent les militants syndicaux de la CGT qui se réunissent, ce mercredi 1er juillet, en Assemblée générale. Ces derniers regrettent un plan hâtif et qui pèserait exclusivement sur les salariés.
« Cet APC est dit collectif, mais il pèse surtout sur les employés. La direction nous retire la prime de vacances, et revient sur la convention collective et donc, les taux d’indemnisation de chômage. Enfin, tous les salariés dont l’activité est en baisse voient leur salaire diminuer. De son côté, la direction ne veut rien lâcher », dénonce Typhaine Chauvin, militante au sein de la CGT. Son mouvement, et les autres syndicats, ont d’ailleurs obtenu du Comité social de l’entreprise, une expertise économique externe auprès d’un cabinet spécialisé.
« Selon ses conclusions, la direction n’a pas étudié toutes les solutions à sa portée. Par exemple, l’entreprise a emprunté un million d’euros sur un an, ce qui lui permet d’avoir un taux à 0 %. Contracter un prêt sur 5 ans permettrait d’alléger le coût social et de ne pas le faire payer aux employés. Par ailleurs, l’expert insiste sur le fait que le choix de cet APC est prématuré et qu’il est malvenu de se précipiter dans une situation qui implique des personnes fragiles. C’est une solution extrême qui aurait pu être évitée », détaille-t-elle.
De son côté, la direction rappelle que cet accord, validé entre autres par FO, est avant tout mis en place pour préserver l’emploi. « Avec cette perte d’activité qui concerne environ 310 salariés, essentiellement sur nos prestations informatiques, ce sont près de 300 000 euros de salaires qui pèsent, à perte, chaque mois sur la société », indique Valérie Cooper, la Directrice des ressources humaines.
Pour surmonter la crise, l’entreprise s’est immédiatement lancée dans la confection de masques. Ce qui lui a permis de créer rapidement 164 nouveaux postes et de limiter le nombre d’employés au chômage. « L’idée est d’occuper les gens, le temps que leur activité de base redémarre. Il faudra parfois qu’ils acceptent une certaine mobilité, mais toujours en restant dans leur région d’origine », précise la responsable.
Une proposition que la responsable syndicale juge « indécente et inadaptée, surtout quand elle s’adresse à un public fragile ». Cette dernière s’inquiète également de la menace de licenciement en cas de refus. Un point sur lequel la directrice des ressources humaines se veut rassurante. Celle-ci garantit que toutes les mesures, notamment celles concernant la mobilité des salariés, seront mises en place au cas par cas, dans la concertation et en tenant compte des éventuelles contre-indications médicales.
Par ailleurs, celle-ci se dit mobilisée pour « aller chercher les subventions » nécessaire au maintien des emplois et des salaires. « Ce plan est provisoire. Il est prévu de le réévaluer régulièrement et, quoiqu’il arrive, il prendra fin le 31 décembre 2021. Nous sommes sur des pistes commerciales intéressantes qui nous permettent d’être optimistes sur la possibilité d’un retour à la normale plus rapide », assure-t-elle. Avec un réinstauration de la convention collective et des primes telles qu’elles existaient avant la crise.
Des engagements qui, pour le moment, peinent à convaincre les militants de la CGT. Ceux-ci espèrent un retrait de l’APC, le temps de réétudier la situation en tenant compte des aides à venir de l’État.
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