Transport. Voilà plus de 25 ans que la LGV Bordeaux-Toulouse est envisagée. Pourtant le dossier a stagné longtemps, et rien n’est encore entériné. Retour sur un projet dont le calendrier définitif n’est toujours pas validé.
Dans les années 1980, germe l’idée d’une ligne à grande vitesse entre Paris et Toulouse, eu égard au succès de la LGV Sud-Est reliant Paris à Lyon, plaçant la ville rose à trois heures de la capitale. Le tracé passant par Bordeaux est retenu mais il faudra attendre le début des années 2000 pour que le projet soit réellement étudié. Dès lors, le Réseau ferré de France, en charge de l’infrastructure ferroviaire nationale, lance les premières études. La LGV fait la quasi-unanimité, ouvrant des perspectives économiques et permettant de valoriser le ferroviaire, moyen de transport le moins polluant. Mais « quasi » ne signifie pas « totale » : la gauche antilibérale notamment lui préfère une rénovation de la ligne existante, avis partagé par les groupes de riverains opposés au projet. De même, le collectif des associations de défense de l’environnement (Cade) ne croit pas à sa rentabilité. A cela s’ajoute le problème du financement. En Midi-Pyrénées, un accord entre les différentes collectivités territoriales est trouvé en 2011 : elles contribueraient au tronçon Bordeaux-Toulouse mais aussi Tours-Bordeaux. Tout semble alors ficelé mais c’était sans compter la remise en cause du tronçon Bordeaux-Bayonne.
« La Commission d’enquête publique rendait un avis défavorable »
Les 700 millions d’euros de crédits européens initialement alloués pour la totalité du projet sont alors mis en suspens. La ministre des Transports de l’époque, Nathalie Kosciusko-Morizet se veut alors rassurante et confirme la poursuite du projet aux collectivités locales. Pourtant, les bruits de couloir font état d’une possible mise entre parenthèse du dossier par l’Etat pour cause de déficit public. Il faudra attendre 2013 pour que le tracé définitif soit communiqué et intégré à la phase I du grand projet ferroviaire du Sud-Ouest. Cette dernière inclue notamment l’obtention de la déclaration d’utilité publique… qui ne viendra jamais. Le 30 mars dernier, la Commission d’enquête publique rendait un avis défavorable. Le gouvernement a maintenant 18 mois, soit jusqu’au 8 juin 2016, pour se prononcer, après que le Conseil d’Etat ait rendu son avis. Si les feux, initialement au vert commencent à virer à l’orange, les collectivités ne désespèrent pas. Le président de la région Aquitaine Alain Rousset, le maire de Bordeaux Alain Juppé et celui de Toulouse Jean-Luc Moudenc sont unanimes : « L’actuel gouvernement ayant inscrit la poursuite du projet comme unique perspective nationale à compter de 2018, nous nous refusons d’envisager que l’avis de la commission signifie la remise en cause du projet. » De son côté, Martin Malvy interpellait le président de la République lors de sa visite pour la signature du plan Etat-Région en avril dernier : « Vous me permettrez de vous dire l’intérêt majeur que nous portons au respect du calendrier pour la réalisation de la LGV Bordeaux-Toulouse. » D’après François Hollande, il devrait rendre sa décision durant l’été. Si la mise en fonctionnement semble maintenue pour 2024, reste encore la question du financement de l’Etat.
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