Déplorant la multiplication des plans sociaux à Toulouse et dans la région malgré les millions d’euros d’aides publiques, la CGT lance un appel pour un grand mouvement collectif de sauvegarde des emplois et des savoir-faire dans l’aéronautique.
Une crise sanitaire qui sert de prétexte à une restructuration prévue de longue date dans le secteur aéronautique. C’est le scénario, dénoncé par certains syndicats dès le début de l’épidémie de Covid-19, qui est en train de se confirmer, selon la coordination CGT de l’aéronautique. « Les dernières annonces chez Akka Technologies et à Figeac Aero montrent que le saccage de l’emploi s’amplifie, alors que les grands donneurs d’ordres comme Airbus se gavent d’argent public », résume Robert Amade, délégué syndical chez Cap Gemini et membre de la coordination CGT de la filière.
Sans nier la crise du transport aérien, le syndicat estime que celle-ci ne justifie en rien la multiplication et l’ampleur des plans sociaux en cours dans l’aéronautique. Il en veut pour preuve le carnet de commandes encore bien rempli du géant mondial Airbus. « 7300 avions sont à produire, soit 10 ans de commandes. Quel autre secteur en difficulté peut se targuer d’en avoir autant ? Oui, la filière a du travail et elle a aussi de la trésorerie. Ce n’est pas aux salariés de payer les pertes financières des entreprises », poursuit Robert Amade, qui regrette que des alternatives comme le dispositif d’Activité partielle longue durée (APLD) soit très peu utilisées par les entreprises de la filière.
En outre, ce que les salariés de l’aéronautique ne supportent plus, selon lui, c’est de voir pleuvoir les millions d’euros d’aides publics, sans que cela n’ait aucun impact sur la préservation de l’emploi. Pire, que cet argent serve à rétribuer les actionnaires sous forme de dividendes. Et même si cela n’a pas été le cas pour Airbus, le groupe ayant annoncé en mars dernier qu’il ne verserait pas de dividendes pour l’année 2020, Robert Amade y voit surtout une preuve que le plan social était déjà en préparation. « Tout était prêt et la direction savait que cela ne passerait pas. Mais, étant donné tout ce qui a été versé aux actionnaires ces dernières années, il s’agit purement d’un geste de communication », affirme-t-il.
Évoquant un véritable « détournement massif d’argent public au nom de la crise », le représentant syndical prend encore l’exemple d’Airbus : « Quand le groupe annonce qu’il a perdu un tiers de son activité, il décide de réduire de 30% son département recherche et développement. Ce qui pour nous est une erreur puisque la crise doit justement être l’occasion d’investir dans ce domaine. Mais pour Airbus ce n’est pas grave, étant donné que l’argent de l’État va désormais financer la recherche », raconte Robert Amade.
Face à ce sentiment d’impuissance politique et à un dialogue social « anéanti par les ordonnances Macron », la coordination CGT de l’aéronautique exhorte donc les collectivités locales (Région Occitanie, Métropoles de Toulouse et Montpellier et Conseils départementaux) à prendre des positions claires. Citant notamment l’exemple de Joseph Carles, maire de Blagnac, qui a évoqué la restitution des aides publiques versées à Akka Technologies en cas de maintien des licenciements.
Elle invite surtout les salariés de toutes les entreprises concernées à construire une grande mobilisation collective pour la sauvegarde des emplois et des savoir-faire. « Ce n’est pas facile, reconnaît Robert Amade. C’est un secteur où tout allait bien jusqu’à présent et surtout très morcelé, avec beaucoup de PME sans représentants syndicaux. Mais, passée la sidération des débuts, les gens sont en train de réaliser le cynisme absolu de la situation : via nos impôts, nous sommes en train de payer nos propres licenciements ! ».
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