L’association MOTS (Médecins-Organisation-Travail-Santé), basée à Toulouse, accompagne les soignants en détresse psychologique depuis plus de dix ans. Aujourd’hui, elle souhaite que leur santé soit déclarée cause nationale.
« En France, l’épuisement professionnel menace un médecin sur deux », déplore l’association MOTS (Médecins-Organisation-Travail-Santé). Créée à Toulouse en 2010, suite à plusieurs suicides successifs, elle accompagne aujourd’hui l’ensemble des médecins et soignants libéraux ou salariés confrontés à des difficultés psychologiques. « Comme je le dis souvent, il faut 15 ans pour former un médecin, mais peu de temps pour le détruire », constate le Dr Jean Thévenot, président de l’association et président du Conseil de l’Ordre des Médecins de la Haute-Garonne.
« L’association se base sur deux principes : la confidentialité et l’accompagnement », explique le président de l’association. Une permanence téléphonique est assurée sept jours sur sept par une dizaine de médecins, spécialement formé, à l’écoute des problématiques des soignants (0608 282 589). Celles-ci concernent généralement l’épuisement professionnel, lié à la surcharge de travail, aux responsabilités croissantes et au manque de reconnaissance du métier. Elles entrainent des situations de détresse psychologique, des dépressions, allant jusqu’aux tentatives de suicide.
« L’idée est d’être présent dans la durée, parfois pendant plusieurs mois ou plusieurs années », poursuit le Dr Jean Thévenot. Suite aux entretiens téléphoniques, les médecins en détresse sont redirigés vers des professionnels (psychiatres, addictologues, avocats, informaticiens….) à même de les aider de manière efficace. Toutefois, les membres de l’association restent présents tout au long du parcours.
En 2015, l’association a impulsé la création du Diplôme Inter-Universitaire (DIU) “Soigner les soignants”, délivré dans les facultés de médecine de Toulouse et de Paris-Diderot. « Il aide à former des médecins pour intervenir auprès de leurs confrères » précise le président du Conseil de l’Ordre des Médecins de la Haute-Garonne.
Depuis sa création, MOTS a accompagné près de 1 500 professionnels de santé, dont 200 de manière régulière. L’activité de l’association a progressé de + 200 % durant les cinq dernières années. « Nous avons également constaté une augmentation considérable du nombre d’appels durant la crise sanitaire. Mais plus que cela encore, elle a surtout été révélatrice d’un grand nombre de situations de fragilité », constate le président de MOTS.
« Au début, les soignants étaient applaudis. Aujourd’hui, nous sommes en train de nous demander s’il ne faudrait pas augmenter la sécurité dans les cabinets médicaux et les hôpitaux, pris à partie par des antivax », poursuit-il. Ces messages contradictoires, ajoutés à la surcharge de travail, au manque d’équipement, à la confrontation quotidienne de décès et à l’organisation difficile des campagnes de vaccination ont représenté un trop-plein pour le personnel soignant, plus que jamais en détresse.
Tout en préservant les notions d’accompagnement, de confidentialité et de confraternité, l’association souhaite aujourd’hui obtenir les moyens de s’adresser au plus grand nombre. « Nous avons besoin d’aides financières et organisationnelles. Mais surtout, que les pouvoirs publics prennent conscience de l’importance des structures comme les nôtres », développe le Dr Jean Thévenot. En effet, un soignant en difficulté doit pouvoir se confier à un organisme extérieur à son environnement professionnel.
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