La 25e Conférence pour le climat qui se déroule à Madrid n’a rien de réjouissant. Alors que tous les feux sont rouges et les perspectives noires, il ne semble pas y avoir de réaction à la mesure des enjeux. C’est dans ce contexte que se tient Act for Climate, du 9 au 13 décembre, à la Cité de la RSE de Toulouse. Cinq jours pour s’immerger dans les coulisses de la COP25, et comprendre le rôle essentiel des entreprises dans cette mobilisation générale. Partenaire de l’événement, le JT est allé à la rencontre de ces professionnels qui considèrent que le climat est aussi leur affaire.
À partir du moment où elle consomme de l’énergie, toute activité économique contribue au réchauffement de la planète. Car nous vivons dans un monde où le gaz, le pétrole et le charbon représentent plus de 80 % du mix énergétique. C’est moins de 2 % pour l’éolien, le solaire et la géothermie réunis, selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie. « Nous n’avons pas encore réussi à découpler la croissance économique des émissions de gaz à effet de serre. C’est le défi de notre génération », annonce Stéphane Amant, l’un des responsables de Carbone 4, un cabinet de conseil spécialisé dans la transition énergétique et le changement climatique.
« Bien qu’elle consomme de l’énergie, il s’agit d’une entreprise qui a un impact positif sur la planète, parce qu’elle permet à d’autres de réduire leurs émissions », précise-t-il. À l’exact opposé, les sociétés les plus polluantes sont, sans surprise, les producteurs de combustible fossile : selon un rapport de l’ONG Carbon Disclosure Project en 2017, les 25 premières firmes de ce secteur sont à l’origine de la moitié des rejets de gaz à effet de serre.
Alors que ces derniers augmentent, irrémédiablement, d’année en année, quelles que soient les mesures prises, Stéphane Amant souligne l’urgence de la situation : « Tout le monde a beau en parler depuis un an et demi, pour autant, peu de gens ont pris conscience des bouleversements à venir. L’humanité n’a jamais eu à résoudre un problème de cette nature. »
Montée des eaux, ouragans et cyclones plus intenses, feux de forêts plus fréquents, records de chaleur ou de froid, réfugiés climatiques, flambée des prix alimentaires, explosion de la pauvreté, recrudescence des maladies, chute de la biodiversité ou disparition de la grande barrière de corail… Banque Mondiale, ONU, OMS ou Giec, les principaux organismes internationaux sont tous sur la même longueur d’onde et publient, chaque mois, des perspectives toujours plus inquiétantes.
Tout aussi inquiétante, aux yeux du spécialiste, est l’inertie des entreprises : « Malheureusement, face au changement climatique, il n’y a rien de neuf sous le soleil ! Dans les milieux économiques, on raisonne toujours business as usual, comme si de rien n’était ». Quant aux décisions institutionnelles, elles semblent encore insuffisantes. Même en France, qui devrait, selon les calculs, consacrer une centaine de milliards d’euros par an à la transition, le compte n’y est pas : « Les pouvoirs publics doivent être les maîtres d’œuvre de la transformation de notre économie. Or, pour l’instant, les solutions écartent l’évolution de nombreux facteurs. Il faudrait être beaucoup plus ambitieux », encourage Stéphane Amant.
« La transition se fera à la vitesse du basculement de l’opinion publique »
Encore faut-il que la population accepte de changer radicalement de mode de vie. « La transition se fera à la vitesse du basculement de l’opinion publique. C’est la seule à pouvoir exiger la mise en place de politiques réellement volontaristes ». Au final, quelles que soient les solutions mises en œuvre, elles seront forcément conjointes : « C’est la règle des trois tiers, chacun a son rôle à jouer : les entreprises, les particuliers et les États ». Les plus développés de ces derniers doivent se montrer comme les plus engagés et les plus exemplaires. C’est tout l’enjeu des conférences sur le climat.
Sources : ONU, NASA, NDAA, Hadley Center, CNRS, Météo France, CEA.
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