L’épidémie de Covid-19 et son lot de restrictions sanitaires ont fait pousser des ailes à de nombreux français, qui ont décidé de changer de logement. Et d’habiter autrement. Voici un tour d’horizon de leurs nouvelles envies immobilières.
Parmi les conséquences de la crise sanitaire, il en est une qualifiée d’« évènement marquant en termes de sociologie urbaine » par Philippe Pailhès, vice-président de la chambre interdépartementale des notaires. Il s’agit de l’attrait des Français pour la campagne. Pour preuve, en 2020, les prix ont moins augmenté dans la capitale que sur toute l’Île-de-France, pour la première fois depuis 2013. Et la dernière note de conjoncture du conseil national de la profession recense les facteurs « qui ont mené notamment les Franciliens en direction des routes normandes, perchoises ou bourguignonnes à défaut d’acquérir une maison avec jardin en Grande couronne, et plus généralement les urbains vers des contrées plus vertes ». Enfermés dans des logements trop exigus de centre-villes inabordables, beaucoup de personnes ont mis à profit les trois mois du premier confinement pour réfléchir à leur avenir. « Et pour changer de vie, de ville et de métier. Ils ont choisi de travailler, à distance ou non, en milieu rural. Ce mouvement fort pourrait bien se pérenniser s’il y a le sentiment chez les acheteurs que la crise va s’installer durablement », estime Philippe Pailhès. Dans ces derniers figurent majoritairement des trentenaires, car « avec l’âge, on devient plus statique, on a peur du changement et de perdre un bien acquis. »
Cette mise au vert s’accompagne d’un bol d’air. « Alors qu’auparavant, les principaux critères d’achat étaient le prix et la situation, désormais, c’est la nature du bien qui prime » constate le vice-président. Les appartements ouvrants sur un balcon ou une terrasse se vendent ainsi beaucoup plus facilement. Et les propriétaires qui peuvent passer d’un appartement à une petite villa franchissent le pas. « Ils veulent avoir un jardinet qui leur procurera un sentiment de semi-liberté en cas de reconfinement ». Autre nouveau critère de choix directement induit par la crise sanitaire, « les acquéreurs sont à la recherche d’une pièce en plus pour pouvoir s’isoler. C’est la conséquence de la généralisation du télétravail. » Par là-même, un bon réseau de communication, téléphonique et internet, est devenu une nécessité. « Certains territoires du centre de la France, mal équipés, ne bénéficient pas du retour à la campagne que l’on observe ailleurs. Ce sera un enjeu essentiel à l’avenir ».
Enfin, il y a des tendances de fond qui s’intensifient, ces dernières années, sur le marché immobilier tricolore. Comme la rente viagère : « La modicité des pensions de retraite conduisent de nombreuses personnes âgées à se constituer ainsi un complément de revenu », explique Philippe Pailhès. Les achats collectifs ont aussi la côte. « C’est un mode d’acquisition qui privilégie la solidarité à la propriété privée. On en rencontre beaucoup plus qu’avant, facilité par de récentes évolutions administratives et encouragé par certains bailleurs sociaux ». Quant à l’habitat nomade et à l’habitat léger, c’est-à-dire démontable ou mobile, « ils se concentrent sur certaines zones du territoire », comme les Pyrénées orientales ou l’Ariège. Enfin, il est toujours des acheteurs optant pour des logements insolites, de la péniche au vieux bus, mais qu’il est difficile de recenser.
Reste que, selon le président de la Chambre des notaires de la Cour d’appel de Toulouse, l’appétit des Français pour la pierre n’est pas près de se démentir. « Cette envie est profondément enracinée en eux, c’est presque génétique. Ils veulent leur chez eux, pouvoir l’adapter et payer un crédit plutôt qu’un loyer. » Philippe Palhès estime d’ailleurs que « les prix sont encore abordables quand on s’éloigne des centre-villes ». Et surtout que « les taux d’intérêts sensationnellement compétitifs » du moment permettent de s’endetter à peu de frais.
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